mercredi 21 mai 2014

De Gaulle rebelle ou monarque ?

Christophe Dickès : Vous terminez votre ouvrage en vous posant la question de savoir si le général De Gaulle fut plutôt un rebelle ou un monarque. Et le rebelle, on voit d’abord le rebelle militaire. Le monarque, on le voit d’abord comme politique. Alors rebelle ou monarque ?

Jean-Luc Barré : Je dirais un peu les deux parce qu’il y a dans l’idée de légitimité une part de légitimité d’ordre monarchique précisément. Il se pense un peu en souverain de la France. Enfin, je dirais que c’est un monarque rebelle plutôt. Je pense que les deux se conjuguent étroitement. Il y aura toujours chez ce « monarque » y compris le monarque de la Cinquième République un rebelle, un homme qui n’est pas un conservateur à aucun point de vue.
Mais ce qui est important pour résumer les choses, c’est que devenir De Gaulle, ça veut dire incarner la France. Et la légitimité de De Gaulle se construit à travers la mutation et l’évolution qui sera la sienne du point de vue politique.
C’est un républicain assez critique à l’égard du système qui comprend très vite que pour devenir De Gaulle, il faut qu’il représente la République, qu’il soit donc rassembleur des valeurs de la République, qu’il incarne ces valeurs et qu’il rassemble l’ensemble des partis politiques, la gauche comprise. Et c’est cet effort-là qui va faire De Gaulle.
Quand il va restaurer l’institution parlementaire en 1943 à Alger, il est face à la France. C’est-à-dire à une France où il y a une femme, un prêtre, mais aussi des communistes, des socialistes, des hommes de droite, etc.
La légitimité de De Gaulle se fonde sur l’incarnation d’un pays et cette incarnation ne se décrète pas. C’est tout le processus finalement des trois années qui vont faire De Gaulle. Je considère qu’en 43, il est De Gaulle parce qu’il est reconnu comme tel par la plupart des grandes nations.
Démocratiquement, il a restauré les institutions de la République quitte à être critique à l’égard de ces institutions. Enfin il y a chez de Gaulle un homme de continuité, ne l’oublions pas.

Christophe Dickès :
 Précisément l’homme de 58 est lié à l’homme de 1940 ?

Jean-Luc Barré : Je publie dans ce livre un des premiers projets constitutionnels de De Gaulle. De Gaulle a été hanté par l’idée d’un exécutif fort et il en pose les bases dès 40-41. Dans les projets de la France libre dont je rappelle aussi que la France libre a été une sorte de gouvernement avec des projets dans tous les domaines, il y a des projets constitutionnels qui préfigurent largement les institutions de la Cinquième République. De ce point de vue-là, il est très cohérent. 

Répondez
1- En quoi le général de Gaulle est-il un peu monarque ?
2- En quoi le général de Gaulle est-il rebelle ?
3- En quoi l'arrivée de de Gaulle sur la scène politique est-elle apparemment légitime ?
4- Pourquoi peut-on dire que de Gaulle a en quelque sorte édifié les bases de la Vème République?

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