Monet, Femmes au jardin à Ville-d’Avray, 1866 |
Monet,
Jardin en fleurs, 1866 |
En bas, lorsqu’elles mirent les pieds dans le jardin,
toutes deux poussèrent un cri. Elles ne le reconnaissaient pas, tant ce fourré
impénétrable ressemblait peu au coin propre et bourgeois qu’elles avaient vu au
printemps.
- Quand je vous le disais ! répétait Rosalie triomphante.
Les massifs s’étaient élargis, changeant les allées en étroits sentiers, dessinant tout un labyrinthe où les jupes s’accrochaient au passage. On aurait cru l’enfoncement lointain d’une forêt, sous la voûte des feuillages qui laissait tomber une lumière verte, d’une douceur et d’un mystère charmants. Hélène cherchait l’orme au pied duquel elle s’était assise en avril.
- Mais, dit-elle, je ne veux pas qu’elle reste là. L’ombre est trop fraîche.
- Attendez donc, reprit la bonne. Vous allez voir.
En trois pas, on traversait la forêt. Et là, au milieu du trou de verdure, sur la pelouse, on trouvait le soleil, un large rayon d’or qui tombait, tiède et silencieux, comme dans une clairière. En levant la tête, on ne voyait que des branches se détachant sur la nappe bleue du ciel, avec une légèreté de guipure. Les roses thé du grand rosier, un peu fanées par la chaleur, dormaient sur leurs tiges. Dans les corbeilles, des marguerites rouges et blanches, d’un ton ancien, dessinaient des bouts de vieilles tapisseries.
- Vous allez voir, répétait Rosalie. Laissez-moi faire. C’est moi qui vais l’arranger.
Elle venait de plier et d’étaler la couverture au bord d’une allée, à l’endroit où l’ombre finissait. Puis, elle fit asseoir Jeanne, les épaules couvertes de son châle, en lui disant d’allonger ses petites jambes. De cette façon, l’enfant avait la tête à l’ombre et les pieds au soleil.
- Quand je vous le disais ! répétait Rosalie triomphante.
Les massifs s’étaient élargis, changeant les allées en étroits sentiers, dessinant tout un labyrinthe où les jupes s’accrochaient au passage. On aurait cru l’enfoncement lointain d’une forêt, sous la voûte des feuillages qui laissait tomber une lumière verte, d’une douceur et d’un mystère charmants. Hélène cherchait l’orme au pied duquel elle s’était assise en avril.
- Mais, dit-elle, je ne veux pas qu’elle reste là. L’ombre est trop fraîche.
- Attendez donc, reprit la bonne. Vous allez voir.
En trois pas, on traversait la forêt. Et là, au milieu du trou de verdure, sur la pelouse, on trouvait le soleil, un large rayon d’or qui tombait, tiède et silencieux, comme dans une clairière. En levant la tête, on ne voyait que des branches se détachant sur la nappe bleue du ciel, avec une légèreté de guipure. Les roses thé du grand rosier, un peu fanées par la chaleur, dormaient sur leurs tiges. Dans les corbeilles, des marguerites rouges et blanches, d’un ton ancien, dessinaient des bouts de vieilles tapisseries.
- Vous allez voir, répétait Rosalie. Laissez-moi faire. C’est moi qui vais l’arranger.
Elle venait de plier et d’étaler la couverture au bord d’une allée, à l’endroit où l’ombre finissait. Puis, elle fit asseoir Jeanne, les épaules couvertes de son châle, en lui disant d’allonger ses petites jambes. De cette façon, l’enfant avait la tête à l’ombre et les pieds au soleil.
Zola, Une Page d’amour (1878)
Questions :
Lisez le texte de Zola et observez les deux tableaux de Monet puis répondez aux questions suivantes :
1) Relevez toutes les similitudes entre les deux tableaux et le texte de Zola. A quoi peut-on dire qu’il s’agit ici d’une citation picturale implicite ?
2) Comparez l’allusion à ces deux tableaux dans les textes théoriques de Zola (Salon de 1868, Les Actualistes) et dans ce roman. Quelles sont les spécificités de l’écriture romanesque ?
3) En quoi peut-on dire que ce texte naturaliste correspond également à l’esthétique impressionniste ?
Lisez le texte de Zola et observez les deux tableaux de Monet puis répondez aux questions suivantes :
1) Relevez toutes les similitudes entre les deux tableaux et le texte de Zola. A quoi peut-on dire qu’il s’agit ici d’une citation picturale implicite ?
2) Comparez l’allusion à ces deux tableaux dans les textes théoriques de Zola (Salon de 1868, Les Actualistes) et dans ce roman. Quelles sont les spécificités de l’écriture romanesque ?
3) En quoi peut-on dire que ce texte naturaliste correspond également à l’esthétique impressionniste ?
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