C’est un phénomène encore peu connu. Durant la dernière décennie, les pays dits émergents, et notamment les fameux Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), ont connu un développement très rapide de leur protection sociale.
Ces dispositifs de prévoyance collective destinés à
faire face aux principaux risques de pertes de revenus (maladie, vieillesse,
chômage, maternité, accidents du travail…) ont même bénéficié d’un « véritable
boom social », affirme
une note du Centre d’analyse stratégique (publiée en exclusivité par La Croix), qui co-organise un
colloque lundi 19 novembre à Paris sur le thème « Étendre la protection sociale dans la mondialisation : défis et réponses ».
En Chine, par exemple, « le taux de
couverture pour l’assurance santé est passé de 24 à 94 % de la population
entre 2005 et 2010 », précise
la note. L’Afrique du Sud « a
plus que doublé la part de sa richesse nationale consacrée à la protection sociale
(hors santé) entre 2000 et 2005 ». Au Brésil, la
« Bolsa Familia », emblématique politique familiale, a, elle, permis
de réduire le nombre de personnes vivant avec moins de un dollar par jour« de
36 % en 2003 à 21 % en 2009 ».
C’est bien sûr le haut niveau de croissance de ces
pays (+ 4,2 % par an au Brésil entre 2007 et 2011, + 10,5 %
pour la Chine) qui est à l’origine de cette évolution. Non seulement parce
qu’elle a apporté des recettes mais aussi parce qu’elle a accru les inégalités
et donc les besoins.
Pour répondre à ces enjeux, les Brics s’y sont pris de
manière très variable selon les pays. Ainsi, si « la Chine se
caractérise par un système entièrement public », l’Afrique du
Sud « voit
coexister un système public centré sur les plus défavorisés et un recours au
marché pour la part de la population qui en a les moyens ».
Si, en Chine, la protection sociale s’est d’abord
développée pour les travailleurs des villes sous forme assurantielle, chacun
contribuant à financer le dispositif, l’extension aux campagnes s’est fait
grâce à des subventions publiques.
En Inde, le système d’assurance vieillesse et maladie
pour les plus pauvres est financé par le public mais ce sont des partenaires
privés qui assurent la couverture.
Enfin, c’est le Brésil qui a poussé le plus loin la
logique des « transferts monétaires conditionnels », les prestations
familiales étant conditionnées à des comportements vertueux (scolarisation et
vaccination des enfants…).
Pour autant, ce boom social se heurte à de très
importantes limites. Ainsi, l’existence d’une assurance-maladie ne garantit pas
forcément l’accès aux soins dans des pays où l’offre de santé est souvent
déficiente. Ensuite, le poids du secteur informel, 90 % de la main-d’œuvre
en Inde n’étant pas déclarée par exemple, reste un obstacle de taille. Tout
comme le fait que peu de gens ont un compte bancaire où verser des
prestations.
Enfin, le vieillissement de la population, qui laisse
présager une évolution différenciée des recettes et des besoins, sera un défi
pour demain. Un défi que connaissent bien nos pays développés.
NATHALIE BIRCHEM (La Croix.com du
16-11-2012)
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