Un cinéma d’art et d’essai propose une fois par mois
des « goûters de l’écran ». Au programme : un film, un débat, une animation
et un goûter pour toute la famille
Mercredi après-midi pluvieux à Nantes. Un public un
peu moins calme qu’à l’accoutumée s’engouffre dans les allées feutrées du cinéma
d’art et d’essai Katorza .Des
spectateurs hauts comme trois pommes, accompagnés de leurs parents, leurs
grands-parents ou des animateurs des centres de loisirs, viennent assister à la
projection du film Le Petit Gruffalo, adapté du livre
jeunesse de Julia Donaldson, illustré par Axel Scheffler.
Une séance qui sera complétée par un débat, une
animation et un copieux goûter concocté par l’équipe du cinéma. « L’objectif,
c’est de désacraliser la salle obscure, explique Céline
Moreau, seconde assistante de direction du Katorza, qui a préparé un gâteau en
forme de tête de Gruffalo pour l’occasion. On souhaite créer
de la convivialité et mettre de la vie dans ce lieu qui peut parfois paraître
austère. »
Les « Goûters de l’écran » sont nés en 2003
à l’initiative d’une association (Les Voleurs de paratonnerre), avant que le
Katorza ne pérennise le concept. La programmation, qui s’adresse aux enfants de
2 à 12 ans, se veut exigeante et éclectique, mêlant fiction, animation,
films en noir et blanc, productions françaises et étrangères.
« Il ne s’agit pas de sorties récentes, poursuit Céline
Moreau. On
propose des films pas forcément connus et d’autres que l’on souhaite remettre
au goût du jour, comme ceux de Chaplin ou de Jacques Demy. » Cette saison, les
12 séances, organisées un mercredi par mois, font la part belle aux créatures
en tout genre, de Max
et les maximonstres à L’Histoire sans finen
passant par le très poétique U, mettant en scène
une licorne.
Dans une salle pleine à craquer, les yeux s’écarquillent
et les bouches s’arrondissent dès que les lumières s’éteignent. Au fil de
l’histoire, les jeunes spectateurs alternent chuchotements, cris d’effroi et
fous rires. « Ici,
les enfants ne sont pas à l’école, commente
Céline Moreau. C’est
avant tout un loisir. » D’autant
que cette fois, la moyenne d’âge tourne autour de 4 ans.
Dès la fin du film, un petit débat s’engage pour
évoquer les scènes marquantes. Une démonstration avec des marionnettes de
papier permet ensuite d’expliquer la manière dont les images sont projetées sur
l’écran.« À cet âge-là, cela ne dure pas très longtemps, commente Céline
Novel, coordinatrice des festivals et agent d’accueil du Katorza. Mais avec les plus
grands, on peut évoquer la psychologie des personnages, les costumes ou la
technique du flash-back. »
Vient ensuite l’heure du goûter, propice aux échanges. « Mon
petit-fils était tellement absorbé par le film que je n’ai pas entendu le son
de sa voix »,confie Isabelle, grand-mère de
neuf petits-enfants dont Édouard, 4 ans.« La prochaine fois, je
reviendrai avec mes petites-filles de 9 et 11 ans pour voir Les Demoiselles de
Rochefort. J’avais
découvert ce film à leur âge. »
Favoriser le partage entre générations fait également
partie des objectifs des Goûters de l’écran. « On souhaite
que petits et grands vivent des sensations communes », indique Céline
Moreau, soulignant que des films comme Peau
d’âne ou Les Vacances de
Monsieur Hulot, de
Jacques Tati, avaient fait salle comble.
Laëtitia, éducatrice de jeunes enfants, est ravie
d’avoir emmené son fils Oscar, 4 ans : « à la maison, il peut
regarder des DVD. Mais le cinéma permet de partager un spectacle ensemble.
C’est un lieu un peu magique. » Ludovic,
informaticien et papa d’Isaline, 4 ans, est séduit par cette formule. « Il nous est
arrivé une ou deux fois d’aller dans un multiplexe, confie-t-il. Mais ce n’est pas
adapté aux enfants. »
De fait, les Goûters de l’écran sont un bon moyen de
former de futurs adeptes des salles d’art et d’essai. « On veut
montrer aux enfants qu’aller au cinéma ne se réduit pas à acheter du
pop-corn », souligne
Céline Moreau. Brigitte, qui accompagne Jeanne, 5 ans, compte bien
renouveler l’expérience : « Je
suis une habituée de ce cinéma. Mais partager une séance avec ma petite-fille,
cela me rajeunit ! »
FLORENCE
PAGNEUX (La Croix.com du 16-11-2012)
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