samedi 17 novembre 2012

A Nantes, magie des images et goûter à partager


Un cinéma d’art et d’essai propose une fois par mois des « goûters de l’écran ». Au programme : un film, un débat, une animation et un goûter pour toute la famille
Mercredi après-midi pluvieux à Nantes. Un public un peu moins calme qu’à l’accoutumée s’engouffre dans les allées feutrées du cinéma d’art et d’essai Katorza .Des spectateurs hauts comme trois pommes, accompagnés de leurs parents, leurs grands-parents ou des animateurs des centres de loisirs, viennent assister à la projection du film Le Petit Gruffalo, adapté du livre jeunesse de Julia Donaldson, illustré par Axel Scheffler. 
Une séance qui sera complétée par un débat, une animation et un copieux goûter concocté par l’équipe du cinéma. « L’objectif, c’est de désacraliser la salle obscure, explique Céline Moreau, seconde assistante de direction du Katorza, qui a préparé un gâteau en forme de tête de Gruffalo pour l’occasion. On souhaite créer de la convivialité et mettre de la vie dans ce lieu qui peut parfois paraître austère. »
Les « Goûters de l’écran » sont nés en 2003 à l’initiative d’une association (Les Voleurs de paratonnerre), avant que le Katorza ne pérennise le concept. La programmation, qui s’adresse aux enfants de 2 à 12 ans, se veut exigeante et éclectique, mêlant fiction, animation, films en noir et blanc, productions françaises et étrangères. 
LA MOYENNE D’ÂGE TOURNE AUTOUR DE 4 ANS
« Il ne s’agit pas de sorties récentes, poursuit Céline Moreau. On propose des films pas forcément connus et d’autres que l’on souhaite remettre au goût du jour, comme ceux de ­Chaplin ou de Jacques Demy. » Cette saison, les 12 séances, organisées un mercredi par mois, font la part belle aux créatures en tout genre, de Max et les maximonstres à L’Histoire sans finen passant par le très poétique U, mettant en scène une licorne.
Dans une salle pleine à craquer, les yeux s’écarquillent et les bouches s’arrondissent dès que les lumières s’éteignent. Au fil de l’histoire, les jeunes spectateurs alternent chuchotements, cris d’effroi et fous rires. « Ici, les enfants ne sont pas à l’école, commente Céline Moreau. C’est avant tout un loisir. » D’autant que cette fois, la moyenne d’âge tourne autour de 4 ans. 
Dès la fin du film, un petit débat s’engage pour évoquer les scènes marquantes. Une démonstration avec des marionnettes de papier permet ensuite d’expliquer la manière dont les images sont projetées sur l’écran.« À cet âge-là, cela ne dure pas très longtemps, commente Céline Novel, coordinatrice des festivals et agent d’accueil du Katorza. Mais avec les plus grands, on peut évoquer la psychologie des personnages, les costumes ou la technique du flash-back. »
FAVORISER LE PARTAGE ENTRE GÉNÉRATIONS
Vient ensuite l’heure du goûter, propice aux échanges. « Mon petit-fils était tellement absorbé par le film que je n’ai pas entendu le son de sa voix »,confie Isabelle, grand-mère de neuf petits-enfants dont Édouard, 4 ans.« La prochaine fois, je reviendrai avec mes petites-filles de 9 et 11 ans pour voir Les Demoiselles de Rochefort. J’avais découvert ce film à leur âge. »  
Favoriser le partage entre générations fait également partie des objectifs des Goûters de l’écran. « On souhaite que petits et grands vivent des sensations communes », indique Céline Moreau, soulignant que des films comme Peau d’âne ou Les Vacances de Monsieur Hulot, de Jacques Tati, avaient fait salle comble. 
Laëtitia, éducatrice de jeunes enfants, est ravie d’avoir emmené son fils Oscar, 4 ans : « à la maison, il peut regarder des DVD. Mais le cinéma permet de partager un spectacle ensemble. C’est un lieu un peu magique. » Ludovic, informaticien et papa d’Isaline, 4 ans, est séduit par cette formule. « Il nous est arrivé une ou deux fois d’aller dans un multiplexe, confie-t-il. Mais ce n’est pas adapté aux enfants. »
De fait, les Goûters de l’écran sont un bon moyen de former de futurs adeptes des salles d’art et d’essai. « On veut montrer aux enfants qu’aller au cinéma ne se réduit pas à acheter du pop-corn », souligne Céline Moreau. Brigitte, qui accompagne Jeanne, 5 ans, compte bien renouveler l’expérience : « Je suis une habituée de ce cinéma. Mais partager une séance avec ma petite-fille, cela me rajeunit ! »
FLORENCE PAGNEUX (La Croix.com du 16-11-2012)

RESUMEZ L'ARTICLE 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire