Derrière
le mouvement des «Pigeons», se trouvent une dizaine d'entrepreneurs ultra
connectés qui ont su fédérer les mécontentements de jeunes qui ne s'estiment
plus représentés par les organisations classiques.
Un réseau, des compétences, et les mots justes. Le
succès de l'opération «Pigeons» est selon ses
initiateurs la somme de ces trois facteurs. Tout commence vendredi 28
septembre, un peu après 22 heures, par un simple échange sur Facebook. Carlos
Diaz, PDG de la société Kwarter, s'indigne sur Facebook «Repose en paix
l'entreprenariat en France», poste-t-il. Il réagit à une tribune
publiée le matin même sur La Tribune par Jean-David Chamboredon,
patron du fonds des entrepreneurs Internet, sur la réforme de l'imposition des
plus-values de cessions d'entreprises. Une dizaine de ses amis, entrepreneurs
comme lui, s'indignent dans les commentaires. «J'ai du mal à y croire... ça me
paraît tellement grotesque», s'alarme Fabien Cohen, PDG de la nouvelle société
de réseaux sociaux de proximité Whoozer.
Le jeune chef d'entreprise ne veut pas en rester là.
«Si c'est vraiment le cas, il faut créer un putain de mouvement protestataire,
genre les Indignés. Faut trouver un nom super cool pour notre mouvement,
qu'est-ce que vous pensez des ‘pigeons'?» «Les pigeons, parfait, on trouvera
pas mieux», répond Carlos Diaz. «Qui crée la page Facebook?» Quelques minutes
plus tard la page Facebook des «Pigeons, mouvement de défense des
entrepreneurs français» est en ligne. Tous deux invitent leurs amis à
rejoindre la page. «Pour le logo, on a tapé pigeon dans Google image et on a
demandé à un designer du mouvement de retoucher la photo», raconte Fabien Cohen
auFigaro. Dès le lendemain, la page recueille plus de 1.000 likes. «Le
truc est en train de me dépasser» commente Carlos Diaz, toujours sur Facebook.
«Il n'y a pas
de buzz magique»
Les créateurs du mouvement des «Pigeons» connaissent
le web et ses usages. Dans le noyau dur du mouvement, on trouve par exemple
Yael Rozencwajg, jeune PDG de l'agence de communication Yopps. «Mais il n'y a
pas de buzz magique», tempère Tatiana Jama, une des rares femmes du mouvement,
directrice générale de Living Social France. «Le message a pris car nous avons
mis les mots sur un malaise général». Pour la jeune femme, «les Pigeons ont su
fédérer une nouvelle génération d'entrepreneurs, qui ne se sent pas représentée
dans les organisations traditionnelles type Medef ou CGPME».
Toute la semaine, les initiateurs du mouvement se
relaient pour gérer la page Facebook, le compte Twitter, vérifier les
informations postées, démentir les rumeurs. «Nous nous sommes organisés à
l'aide d'un groupe Facebook secret, raconte Fabien Cohen. Il n'y avait pas de
chef, nous étions tous à égalité». «Nous y avons consacré énormément de temps
car nous nous sentions portés par un élan», raconte Tatiana Jama.
Un travail qui porte ses fruits car en moins d'une
semaine, le mouvement aura convaincu Pierre Moscovici de revenir
sur la réforme de l'imposition des plus-values de cessions
d'entreprises. Les jeunes entrepreneurs n'envisagent toutefois pas de surfer
sur leur succès pour créer une nouvelle organisation patronale ou de se tourner
vers le militantisme. «On a bien mieux à faire que de la politique», sourit
Tatiana Jama.
D’après lefigaro.fr
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