jeudi 20 septembre 2012

Neuf mois de croissance zéro en France


Le produit intérieur brut n'a pas progressé d'un iota entre avril et juin, rapporte l'Insee. La France fait mieux que les pays malades de l'Europe, mais toujours moins bien que l'Allemagne.


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Depuis neuf mois, l'économie française se maintient en équilibre sur le fil du rasoir. Pour le troisième trimestre d'affilée, la croissance s'est affichée à zéro au deuxième trimestre, selon les chiffres publiés mardi par l'Insee  . L'institut a également révisé à la baisse la performance de l'économie française au quatrième trimestre 2011 (à 0 % au lieu de + 0,1 %).
«La France défie la gravité, s'étonne Gilles Moec, économiste zone euro de Deutsche Bank  . La probabilité de réaliser une croissance zéro trois trimestres de suite ne doit pas être loin de… zéro!» Vu les signaux très négatifs observés ces derniers mois, les économistes tablaient sur un recul de l'activité. D'ailleurs, fait remarquer Gilles Moec, le chiffre publié mardi, sans l'arrondi, s'affiche à - 0,045 %. Si la France n'a pas sombré au deuxième trimestre, c'est en partie grâce à la résistance de l'investissement. Il croît à nouveau, de + 0,6 %, après un fort repli de - 0,8 % au premier trimestre.

Restriction budgétaire

La mauvaise nouvelle provient de la consommation des ménages, traditionnel moteur de l'économie française, qui a fléchi de 0,2 %. Les Français ont boudé les magasins de vêtements (- 5,3 % des achats de textile-cuir) et réduit leurs dépenses alimentaires (- 1,3 %). Aussi, «la chute des dépenses de transport et de loisirs signale des arbitrages rapides des ménages face à une pression sur leur pouvoir d'achat», analyse Pierre-Olivier Beffy, chef économiste d'Exane BNP Paribas.
Ces neuf mois de croissance nulle symbolisent parfaitement la place intermédiaire qu'occupe la France   au sein de la zone euro  , entre une Allemagne   encore dynamique et des pays périphériques (Espagne, Italie, Grèce) englués dans une crise profonde. Question endettement, le pays est à mi-chemin entre le Nord et le Sud. «Contrairement à la situation espagnole, le secteur privé français n'a pas besoin de se désendetter, comme en Allemagne, analyse Gilles Moec. Mais, contrairement à l'Allemagne, la France doit faire face à la restriction budgétaire.» Même situation sur le marché du crédit: le niveau des taux d'intérêt est neutre en France, alors qu'il est très favorable à l'investissement en Allemagne et très pénalisant dans les pays périphériques.

L'emploi en panne

Croissance ou récession, de quel côté penchera la France ces prochains mois? Après trois trimestres à l'équilibre, l'économie française pourrait trébucher et basculer dans le rouge. La Banque de France table en effet sur un recul de 0,1 % de l'activité au troisième trimestre. Pour commencer, la consommation devrait continuer à baisser. Le récent rebond des prix du pétrole pèsera sur les budgets des Français. Ensuite, «l'absence de création d'emplois crée une incertitude qui ne peut pas inciter les ménages à dépenser», fait remarquer Philippe Waechter, responsable de la recherche économique de Natixis AM.
L'investissement pourrait ne pas résister. À commencer dans l'immobilier, à en croire Gilles Moec: «Les revenus des ménages baissent, les banques sont frileuses en matière de prêts immobiliers et le marché de la pierre a commencé à se retourner.» Pour ne rien arranger, le contexte international s'assombrit.
Les économies asiatiques, en particulier la chinoise, moteurs de la reprise depuis 2009, marquent le pas. Les États-Unis redémarrent au ralenti et les incertitudes sur la zone euro demeurent. Le salut ne viendra donc pas du commerce extérieur. Comme le résume Pierre-Olivier Beffy, «une nouvelle période conjoncturelle très difficile devrait s'ouvrir à l'automne».

(Le Figaro.fr  le 15/08/2012 ) 


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