Le produit intérieur brut n'a pas progressé d'un iota
entre avril et juin, rapporte l'Insee. La France fait mieux que les pays
malades de l'Europe, mais toujours moins bien que l'Allemagne.
Depuis
neuf mois, l'économie française se maintient en équilibre sur le fil du rasoir.
Pour le troisième trimestre d'affilée, la croissance s'est affichée à zéro au
deuxième trimestre, selon les chiffres publiés mardi par l'Insee .
L'institut a également révisé à la baisse la performance de l'économie
française au quatrième trimestre 2011 (à 0 % au lieu de
+ 0,1 %).
«La
France défie la gravité, s'étonne Gilles Moec, économiste zone euro de Deutsche
Bank . La probabilité de réaliser une croissance zéro
trois trimestres de suite ne doit pas être loin de… zéro!» Vu les signaux très
négatifs observés ces derniers mois, les économistes tablaient sur un recul de
l'activité. D'ailleurs, fait remarquer Gilles Moec, le chiffre publié mardi,
sans l'arrondi, s'affiche à - 0,045 %. Si la France n'a pas sombré au
deuxième trimestre, c'est en partie grâce à la résistance de l'investissement. Il
croît à nouveau, de + 0,6 %, après un fort repli de - 0,8 %
au premier trimestre.
Restriction budgétaire
La
mauvaise nouvelle provient de la consommation des ménages, traditionnel moteur
de l'économie française, qui a fléchi de 0,2 %. Les Français ont boudé les
magasins de vêtements (- 5,3 % des achats de textile-cuir) et réduit
leurs dépenses alimentaires (- 1,3 %). Aussi, «la chute des dépenses
de transport et de loisirs signale des arbitrages rapides des ménages face à
une pression sur leur pouvoir d'achat», analyse Pierre-Olivier Beffy, chef
économiste d'Exane BNP Paribas.
Ces
neuf mois de croissance nulle symbolisent parfaitement la place intermédiaire
qu'occupe la France au sein de la zone euro ,
entre une Allemagne encore
dynamique et des pays périphériques (Espagne, Italie, Grèce) englués dans une
crise profonde. Question endettement, le pays est à mi-chemin entre le Nord et
le Sud. «Contrairement à la situation espagnole, le secteur privé français n'a
pas besoin de se désendetter, comme en Allemagne, analyse Gilles Moec. Mais,
contrairement à l'Allemagne, la France doit faire face à la restriction
budgétaire.» Même situation sur le marché du crédit: le niveau des taux
d'intérêt est neutre en France, alors qu'il est très favorable à
l'investissement en Allemagne et très pénalisant dans les pays périphériques.
L'emploi en panne
Croissance
ou récession, de quel côté penchera la France ces prochains mois? Après trois
trimestres à l'équilibre, l'économie française pourrait trébucher et basculer
dans le rouge. La Banque de France table en effet sur un recul de 0,1 % de
l'activité au troisième trimestre. Pour commencer, la consommation devrait
continuer à baisser. Le récent rebond des prix du pétrole pèsera sur les
budgets des Français. Ensuite, «l'absence de création d'emplois crée une
incertitude qui ne peut pas inciter les ménages à dépenser», fait remarquer
Philippe Waechter, responsable de la recherche économique de Natixis AM.
L'investissement
pourrait ne pas résister. À commencer dans l'immobilier, à en croire Gilles
Moec: «Les revenus des ménages baissent, les banques sont frileuses en matière
de prêts immobiliers et le marché de la pierre a commencé à se retourner.» Pour
ne rien arranger, le contexte international s'assombrit.
Les
économies asiatiques, en particulier la chinoise, moteurs de la reprise depuis
2009, marquent le pas. Les États-Unis redémarrent au ralenti et les
incertitudes sur la zone euro demeurent. Le salut ne viendra donc pas du
commerce extérieur. Comme le résume Pierre-Olivier Beffy, «une nouvelle période
conjoncturelle très difficile devrait s'ouvrir à l'automne».
(Le Figaro.fr le 15/08/2012 )
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