dimanche 30 janvier 2011

Un roman qui remue l'âme

Fille de boulangers du village de Peilhac, Nicole Blanchard a 14 ans lorsqu'elle tombe enceinte, violée par un jeune soldat américain, Will, dont elle était tombée amoureuse. Son enfant se nomme Ludo. Celui-ci vit les sept premières années de sa vie chez ses grands-parents, caché dans un grenier. Durant cette période, il est totalement délaissé, ne mange que très peu et reste seul, sans aucune pitié de sa mère ou des parents de celle-ci.


Nicole se marie ensuite avec Michel Bossard (Micho). Malgré la protection de Micho envers Ludo et de son fils Gustave (Tatav), sa mère réussit à le placer dans une institution pour débiles légers tenue par Melle Rakoff, en Gironde. Ludo y reste presque un an, mais ne voyant pas sa mère lui rendre visite, il plonge dans une profonde tristesse et décide de s'échapper non sans avoir déclenché un incendie dans le centre. Il part loin, perdu, il trouve refuge dans un vieux navire abandonné au bord de la mer. Il devient ami avec le "propriétaire" de l'épave sur laquelle Ludo vit alors que ce vieil homme vit dans une caravane non loin de la mer... il autorise donc Ludo à habiter sur son ancien bateau. Ludo écrit des lettres à sa mère.

Un jour, Nicole vient voir son fils et fait mine de s'excuser pour tout. Elle est en réalité envoyée par la directrice de l'institut, qui ne veut qu'une chose, le faire enfermer. Mais Ludo, bouleversé, se laisse entraîner par son émotion et tue sa mère. Son seul désir était de retrouver sa mère, il se laisse emporter par la mer avec elle.

Voilà quelques lignes :

« On lui montait ses repas une fois par jour en fin d'après-midi. Des bouillons au tapioca, des topinambours, et les mulets que Monsieur Blanchard pêchait sur le port, au pied d'une estacade où les commères vidaient leurs seaux. Jamais de pain, même rassis. Nicole avait refusé son lait ; le boulanger refusait son pain.
(….)
Depuis sept ans qu'il vivait au bord de la mer, Ludovic ne l'avait jamais vue. Il l'entendait. Mais au grenier la lucarne donnait sur la cour, sur le fournil, et là-bas sur des pins monotones que les brouillards matinaux calfeutraient. Rugissement, murmure, le bruit se poursuivait jour et nuit, si fort par mauvais temps que même les ronflements du boulanger s'effaçaient. L'enfant serait bien allé voir ; mais la porte était fermée à clé. »

samedi 29 janvier 2011

Le Petit Chaperon Rouge (Daniele-Elisa)

Voilà le conte « Le petit Chaperon Rouge » d’après  l’équipe Daniele - Elisa  . Daniele, notre artiste peintre, a fait les dessins et  Elisa, notre écrivain d'exception,  les a décrits. Félicitations à tous les deux !









La créativité est une fleur qui s'épanouit dans les encouragements de vos appréciations .
Enregistrez donc un commentaire, dans n’importe quelle langue ! Merci   


jeudi 27 janvier 2011

Paris


La Seine est à l'origine de l'agglomération Parisienne et c'est sur ses îles, île de la Cité et île St-Louis, faciles à défendre que naquit la cité, capitale de la gaulle celtique. Paris n'est, à l'origine, qu'un petit village situé sur l'île de la Cité. Conquis en 52 av. JC par les romains, dont on peut encore aujourd'hui découvrir les vestiges qui témoignent de leur présence, ce petit village va rapidement s'étendre de part et d'autre de la Seine. Les Francs vainqueurs des Romains lui donnent son nom actuel: Paris qui va devenir le centre de leur royaume. Le Moyen-Age voit la construction d'édifices magnifiques témoins de la foi chrétienne, telle que la cathédrale Notre-Dame.






Le pari d'un Grand Paris



La capitale française mise sur un ambitieux programme qui doit faire d’elle une ville moderne, dotée de moyens de transport denses et économes, d’une architecture audacieuse et soucieuse de l’environnement.

Dans la concurrence entre les grandes métropoles, Londres et New York n’ont qu’à bien se tenir. Paris se veut, à l’horizon 2022, un modèle d’architecture, d’urbanisme et d’écologie. Le président français Nicolas Sarkozy, puisant dans les projets des architectes comme Jean Nouvel, Roland Castro et Frank Gehry exposés à la Cité de l’architecture, a esquissé, le 29 avril, les lignes directrices du futur Grand Paris. Un titanesque projet de transformation de la capitale qui doit démarrer en 2012.
L’enjeu est de taille pour Paris et sa région, première destination touristique au monde. Près de 12 millions de personnes y vivent, soit un cinquième de la population française, et la région parisienne génère 30 % du Produit intérieur brut (PIB) français, ce qui en fait la première économie d’Europe.
Pourtant la capitale française est une métropole vieillissante, frappée par un certain immobilisme. Depuis le baron Haussmann et la percée des grands axes de circulation dans les années 1860, et Paul Delouvrier, à l’origine en 1964 du RER (Réseau express régional) reliant le centre et les banlieues, aucun projet d’envergure n’a vu le jour. Résultat : l’habitat est inadapté à la forte densité d’une mégalopole, les mises en chantier (35 000 par an) sont au niveau de celles des années… 1960 ! La ville elle-même étouffe, les transports publics sont saturés, les liaisons de périphérie à périphérie inexistantes, les déplacements en voiture difficiles en raison d’une hausse de 60 % du trafic en dix ans et la pollution croissante.
Le Grand Paris entend combattre ces maux avec l’Annulaire, nouveau métro aérien construit au-dessus du boulevard périphérique de Paris et relié aux pôles d’activités et aux centres d’habitation. Long de 130 km, entièrement automatique, ce supermétro sans conducteur fonctionnera 24 heures sur 24 à une vitesse de 80 km / heure. Parallèlement, les lignes actuelles du métro et du RER seront prolongées du nord au sud, de la Défense à Villejuif. Une liaison à grande vitesse (TGV) entre les aéroports de Roissy et d’Orly sera même créée. Selon la RATP, la société en charge de la gestion du métro parisien, le projet va « faire changer d’époque à Paris » comme l’arrivée du métro au début du XXe siècle. De fait, rien que pour les transports, 35 milliards d’euros seront investis. L’objectif est de ramener le trajet moyen à 30 minutes – contre une heure aujourd’hui.

Paris jusqu’à la mer

« Le Havre doit devenir le port du Grand Paris et la Seine l’axe nourricier », a déclaré Nicolas Sarkozy. Les architectes du Grand Paris envisagent de développer les transports maritimes, en profitant du réseau fluvial unique de la Seine et de ses affluents. Le Grand Paris s’étendra ainsi jusqu’au Havre, sur la Manche. L’enjeu ? Aménager la Seine pour lutter contre le réchauffement climatique et utiliser des turbines hydrauliques pour produire une énergie verte. Dans le même esprit, une forêt d’un million d’arbres sera créée à Roissy, au nord de Paris. Elle permettra de réduire l’empreinte écologique, tout comme les jardins sur les toits.
Pour répondre à la demande de logement, les règles d’urbanisme seront assouplies : les propriétaires pourront agrandir leur maison et construire en zone inondable. Même la hauteur des immeubles ne sera plus limitée à 37 mètres. Objectif : favoriser une architecture verticale, faire sortir de terre 70 000 nouveaux logements par an et rendre constructibles 200 km2 de terrains actuellement gelés.
Du point de vue social, le Grand Paris devrait permettre de créer un million d’emplois supplémentaires, de désenclaver les zones défavorisées, en favorisant la mixité. À long terme, la notion même de banlieue devrait
disparaitre au profit d’une ville étendue et pleinement intégrée, truffée de pôles d’excellence à vocation mondiale (campus scientifique à Saclay, aéronautique au Bourget, industries de la création à la Plaine-Saint-Denis).
Reste à savoir comment tout cela sera financé et si les délais seront tenus. Le pari est audacieux, l’architecte Jean Nouvel le dit bien : « On n’a jamais vu une métropole de cette échelle évoluer dans un tel timing. »

(Claude Chendjou- Le Français dans le monde- N°364 )

Cartes




 



mardi 25 janvier 2011

Le 27 janvier journée de commémoration de l'Holocauste

L'Assemblée générale de l'ONU a décidé que le 27 janvier serait désormais une journée spéciale de commémoration des 6 millions de juifs et autres victimes assassinés lors de l'Holocauste par le régime nazi pendant la seconde guerre mondiale et de prévention des crimes contre l'humanité. Il s'agit d'une date symbolique car le 27 janvier 1945 correspond à l'anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau.
Evoquer la Shoah une journée dans l’année, ce n’est pas seulement se souvenir et rendre hommage aux 6 millions d’hommes, de femmes et enfants assassinés pour le seul crime d’être né juif, c’est aussi le moment, dans cette société en perte de repères, d’avoir une réflexion sur les causes premières de ce Génocide, et cela nous amène à débattre de l’antijudaïsme, de l’antisémitisme, du racisme, de la Laïcité, du totalitarisme et de la Démocratie en finissant par les Droits de l’Homme. C’est aussi le moment de promouvoir les valeurs fondatrices de l'Humanisme moderne que sont la dignité de la personne, le respect de la vie d'autrui et le vivre ensemble dans la Solidarité et la Fraternité.















“Peut-être ce qui s’est passé ne peut pas être compris et même ne doit pas être compris dans la mesure où comprendre c’est presque justifier.”
(Primo Levi,  Si c’est un homme )

mercredi 19 janvier 2011

Plus on a rien et plus on veut croire


Madame Rosa, une vieille juive qui a connu Auschwitz et qui, autrefois, se défendait (selon le terme utilisé par Momo pour signifier prostitution) . Elle a ouvert « une pension sans famille pour les gosses qui sont nés de travers », c’est-à-dire une pension clandestine où les dames qui se défendent abandonnent plus ou moins leurs rejetons. Momo, jeune Arabe de dix ans (peut-être quatorze en réalité), raconte sa vie chez Madame Rosa et son amour pour la seule maman qui lui reste, cette ancienne respectueuse, grosse, laide et qu'il aime de tout son cœur. Le jeune homme accompagnera la vieille femme dans ses derniers jours.

Entre Madame Rosa et Momo, c'est un amour maternel qui ne passe pas par les liens du sang, c'est l'amitié entre les peuples juif et arabe, c'est le poids de l'Histoire allégé par l'appétit de vivre. L'histoire se passe à Belleville, vingtième arrondissement de Paris, sixième étage sans ascenseur….


Extrait :

La première chose que je peux vous dire c'est qu'on habitait au sixième à pied et que pour Madame Rosa, avec tous ces kilos qu'elle portait sur elle et seulement deux jambes, c'était une vraie source de vie quotidienne, avec tous les soucis et les peines.

Elle nous le rappelait chaque fois qu'elle ne se plaignait pas d'autre part, car elle était également juive. Sa santé n'était pas bonne non plus et je peux vous dire aussi dès le début que c'était une femme qui aurait mérité un ascenseur. Je devais avoir trois ans quand j'ai vu Madame Rosa pour la première fois. Avant, on n'a pas de mémoire et on vit dans l'ignorance. J'ai cessé d'ignorer à l'âge de trois ou quatre ans et parfois ça me manque. Il y avait beaucoup d'autres Juifs, Arabes et Noirs à Belleville, mais Madame Rosa était obligée de grimper les six étages, seule.

Elle disait qu'un jour elle allait mourir dans l'escalier, et tous les mômes se mettaient à pleurer parce que c'est ce qu'on fait toujours quand quelqu'un meurt. On était tantôt six ou sept tantôt même plus là-dedans.



samedi 15 janvier 2011

Amitié

Le temps est le meilleur bâtisseur de l'amitié. Il est aussi son témoin et sa conscience. Les chemins se séparent, puis se croisent.
(Tahar Ben Jelloun)

Le bonheur d'un ami nous enchante. Il nous ajoute. Il n'ôte rien. Si l'amitié s'en offense, elle n'est pas.
(Jean Cocteau)

Le plus grand effort de l'amitié n'est pas de montrer nos défauts à un ami, c'est de lui faire voir les siens.
(François de La Rochefoucauld)

Trois sortes d'amis sont utiles, trois sortes d'amis sont néfastes. Les utiles : un ami droit, un ami fidèle, un ami cultivé. Les néfastes : un ami faux, un ami mou, un ami bavard.
(Confucius)

Un ami, rien qu'un ami, c'est aussi précieux qu'une vie.
(Georges Bernanos)

L'amitié, c'est ce qui vient au cœur quant on fait ensemble des choses belles et difficiles.
(Abbé Pierre)

vendredi 14 janvier 2011

Le déserteur


Le déserteur



Monsieur le Président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Monsieur le Président
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens
C'est pas pour vous fâcher
Il faut que je vous dise
Ma décision est prise
Je m'en vais déserter

Depuis que je suis né
J'ai vu mourir mon père
J'ai vu partir mes frères
Et pleurer mes enfants
Ma mère a tant souffert
Elle est dedans sa tombe
Et se moque des bombes
Et se moque des vers
Quand j'étais prisonnier
On m'a volé ma femme
On m'a volé mon âme
Et tout mon cher passé
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes
J'irai sur les chemins

Je mendierai ma vie
Sur les routes de France
De Bretagne en Provence
Et je dirai aux gens:
Refusez d'obéir
Refusez de la faire
N'allez pas à la guerre
Refusez de partir
S'il faut donner son sang
Allez donner le vôtre
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le Président
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que je n'aurai pas d'armes
Et qu'ils pourront tirer

(Boris Vian)


LIEN  http://youtu.be/gjndTXyk3mw




Fantastique chanson... je connais les mots presque par cœur. C’est une poésie bouleversante qui parle de liberté et de rébellion contre l'oppression de la guerre.

Si quelqu'un est intéressé, Ivano Fossato l'a traduite en italien en la modifiant un peu...
Voilà le lien
http://www.youtube.com/watch?v=rya6935J-u0

Le Malade imaginaire (cliquer sur le titre pour le texte intégral )

Le Malade imaginaire est la dernière comédie écrite par Molière. Le Malade Imaginaire est une comédie-ballet en trois actes, représentée au Théâtre du Palais-Royal le 10 février 1673 par la troupe de Molière. L’inspiration de l’histoire de la comédie « Le Malade Imaginaire » provient de la commedia dell'arte.



Argan, personnage principal de la pièce, se croit malade à un tel point qu’il ne peut vivre sans être entouré de médecins. Pour avoir un gendre médecin il imagine donner sa fille Angélique au fils de son médecin préféré, tandis que Béline qu'il a épousé en seconde noce se conduit en parfaite marâtre. Heureusement, Toinette, la généreuse servante d’Argan veille et fera le nécessaire pour déjouer l'intrigue des médecins, l'hypocrisie de la belle-mère et sauver ainsi les amours de sa jeune maîtresse. Le frère d'Argan organise la cérémonie finale qui transforme le malade imaginaire en médecin.




Les personnages
ARGAN: malade imaginaire.
BELINE: seconde femme d'Argan.
ANGELIQUE: fille d'Argan et amante de Cléante.
LOUISON: petite fille d'Argan et sœur d'Angélique.
BERALDE: frère d'Argan.
CLEANTE: amant d'Angélique.
MONSIEUR DIAFOIRUS: médecin.
THOMAS DIAFOIRUS: son fils et amoureux d'Angélique.
MONSIEUR PURGON: médecin d'Argan.
MONSIEUR FLEURANT: apothicaire.
MONSIEUR BONNEFOI: notaire.
TOINETTE: servante.



Les thèmes

L'hypocondrie
La médecine
L'amour filial

Les techniques

Le comique
La farce
La satire

jeudi 13 janvier 2011

Etre parents... des adolescents

Les parents n'ont plus la possibilité d'imposer une distance avec leurs enfants, qui serait pourtant nécessaire à l'acceptation de l'autorité.Etre parents, selon moi c’ est très difficile, et on doit avoir beaucoup d'énergie pour pouvoir éduquer un enfant. De plus en plus on a des enfants vers 35-40 ans et on ne joue pas le rôle de parents mais de grands-parents parce qu’on n'a pas la force nécessaire pour éduquer et parfois on les laisse faire ce qu'ils veulent. Quand les parents voudront imposer leur autorité l'enfant n'écoutera pas et quelquefois il se insurgera parce qu’ il a toujours eu ce qu'il voulait. Quand un parent dit "NON" beaucoup de personnes pensent qu'il est un tyran et pas qu'il le fait pour son enfant.Dans cette société où les parents et les enfants sont très proches il n'y a plus le respect , on considère trop souvent les parents comme des amis et …ça ne va pas !

mardi 11 janvier 2011

Les ados et la mode

Le vêtement peut être considéré comme un langage. Muet bien sûr, mais langage tout de même puisqu’il en dit long sur celui qui le porte. En ce sens, il fait partie de la construction de l’identité. Mais à regarder les adolescents qui peuplent nos écoles , une sorte d’uniformisation est bien visible. Alors le vêtement, traduction ou trahison de soi?

Le microcosme de la cour de récréation est régi selon des règles très dures. Un élève peut être rejeté par ses camarades parce qu’il n’est manifestement pas dans le coup. «Mieux vaut éviter d’être démodé», en effet, pour éviter l’exclusion, il faut se fondre dans le groupe, appartenir à une tribu. Les jeunes ne veulent surtout pas porter d’uniforme, mais ils sont tous en uniforme! Le rattachement à une communauté apparaît comme essentiel. Trouver un style, c’est trouver un clan.
L’univers musical, en particulier, véhicule des images qui seront récupérées par les adolescents. Le style de tel ou tel rappeur, ou celui de telle ou telle chanteuse sexy se retrouve dans la rue. Le style vestimentaire peut donc être assimilé à un code d’appartenance au groupe.

Appartenance recherchée ou imposée?

L’adolescent en quête d’identité est parfois amené à renoncer à son individualité. Malgré sa liberté de choix, il se retrouve canalisé dans certains mouvements. Cette liberté ne semble ainsi guère véritable, puisqu’elle obéit aux diktats d’une économie de marché, servie par la publicité et le marketing. Une nouvelle stratégie est de plus en plus utilisée par les marques: le «street marketing». Les commerciaux repèrent un jeune leader, dans la rue ou dans une cour d’école. Ils lui proposent ensuite de l’habiller gratuitement, des pieds à la tête. Le jeune choisi fera vendre la marque !
La publicité ne manque pas non plus de stratégies. Pour enrégimenter son public cible, elle s’appuie sur quelques mots d’ordre comme le culte du héros – «Identifiez-vous à telle personnalité!» – la nouveauté, les modes – «Ne soyez pas ringards!» La combinaison de ces vecteurs donne ainsi le modèle du slogan publicitaire: «Imitez la star S, soyez in, achetez la marque M!»
Leurs besoins d’identification ainsi exploités, il devient alors difficile pour les adolescents de définir et d’exprimer leur identité propre. Leur choix se portera peut-être sur la marque M, sur le pantalon XXL taille ultrabasse pour lui, string et taille basse pour elle...

Ados : Faites la paix avec votre corps

A la puberté, en quelques mois le corps se transforme. Cette étape entre l’enfance et l’âge adulte est souvent vécue avec d’autant plus de difficulté que la métamorphose est irréversible et non maîtrisée. Et puis, le résultat n’est pas nécessairement celui espéré : alors que le corps n’a pas atteint ses proportions adultes, la puberté s’accompagne fréquemment d’une prise de poids, d’une croissance rapide des jambes par rapport au buste, ou de l’apparition de problèmes de peau comme l’acné juvénile. Du coup, se regarder dans un miroir devient parfois un supplice !

Vérité ou illusion ? Si c’était seulement le miroir qui vous renvoyait cette affreuse image ! Mais non ! Les magazines et la télévision semblent confirmer ce que vous pensez : vous n’êtes qu’un vilain petit canard au pays des cygnes !

Le poids, nouvel ennemi ?

Les quelques kilos superflus pris à la puberté doivent vous inciter à ne plus manger n’importe quoi, à ne pas grignoter entre les repas, bref à adopter un nouveau comportement alimentaire.

Certaines jeunes filles, se croyant condamnées à être grosses, se mettent à manger de façon compulsive, sans réussir à se contrôler : satisfaire sa boulimie n’est pas un remède aux difficultés de l’adolescence ; mieux vaut, pour reprendre confiance en soi, exprimer par des mots le malaise provoqué par ce corps en mutation.

D’autres jeunes filles – ou les mêmes, alternant les deux comportements – ne supportent pas l’idée d’avoir un corps sexué, comme leur mère, et refusent leur féminité. Sous prétexte de régime, elles se nourrissent de moins en moins jusqu’à l’anorexie : ainsi croient-elles reprendre la maîtrise d’elles-mêmes, en empêchant leur corps d’exister. Très mal vécue par l’entourage qui se sent coupable, cette attitude oblige la jeune fille à ruser sans arrêt avec sa famille et ses amis. Et le bien-être qu’elle ressent momentanément en n’ayant plus besoin de manger, a des conséquences physiques parfois irréversibles qui nécessitent une hospitalisation et un travail de psychothérapie.

S’aimer tout simplement

En réalité la situation n’est pas si dramatique qu’on le croit : la difficulté, c’est de s’adapter à son nouveau corps, de savoir le porter, comme l’on porte un vêtement, avec élégance : votre centre de gravité a changé de place, et, avec les seins en plus, vous vous sentez plus lourde. Tel l’acteur comique qui se donne des airs d’obèse en se promenant fesses en arrière, ventre en avant, vous exhibez votre nouvelle silhouette, comme si elle était difforme. C’est parce que vous ne vous plaisez pas, que les autres ne vous trouvent pas attirante.

Prendre possession de son corps

La puberté, c’est une deuxième naissance. Lorsque vous aurez admis que vous n’êtes pas en visite dans votre nouveau corps, vous prendrez goût à le soigner et à le mettre en valeur. Vos anciens vêtements vous boudinent ? A vous de trouver maintenant les modèles et les couleurs qui conviennent à vos nouvelles formes ! Réapprenez à marcher ! Ne vous avachissez pas dans un fauteuil ! Et bientôt, vous verrez : ce corps, qui vous semblait monstrueux, deviendra un objet de plaisir et de séduction !



(Doctissimo: M. Chouchan )

jeudi 6 janvier 2011

Exil et folie


Ce roman se lit aussi facilement qu'il est difficile à oublier et se révèle profondément bouleversant.


De Monsieur Linh, qui débarque dans «un pays sans odeur» (la France?) un jour de novembre au terme d'un long voyage en bateau, on sait peu de chose. Le vieil homme vient des «rivages anéantis» d'un village de rizières (au Vietnam?), la guerre lui a ravi les siens, il porte «une valise légère» et un nouveau-né dans les bras. C'est sa «petite fille», Sang diû, son trésor, une enfant étonnamment calme, jamais une larme, prompte à s'endormir dès que son grand-père lui chante une certaine chanson. C'est pour elle que Monsieur Linh a «décidé de partir à jamais», de s'arracher à tout ce qui lui était familier et cher - sa terre natale, ses odeurs, ses traditions immuables. Installé dans un dortoir avec d'autres familles d'exilés, qui raillent volontiers ses curieuses manières, l' «Oncle», comme on l'appelle, s'aventure finalement dans la ville hostile. Un jour, assis sur un banc, il fait la connaissance d'un certain Monsieur Bark, bonhomme replet et sympathique, très affecté par la mort de sa femme. Ces deux solitaires ne se comprennent pas mais ils sympathisent et se retrouvent régulièrement. Jusqu'à ce que Monsieur Linh et Sang diû soient transférés dans un «château» avec un «beau parc». Une sorte d'hospice, en réalité, d'où l'ancêtre n'a pas le droit de sortir. Il s'en échappera pourtant, en pyjama, déterminé à honorer son rendez-vous avec Monsieur Bark. Au risque de se faire renverser par une voiture... Le dénouement donne alors tout son sens, terrible, à ce beau livre sur la folie d'un homme: une folie née de la perte, du déracinement, de l'exil forcé. L'abandon, la mémoire, le regard sur l'autre habitent aussi ce troublant roman. Des thèmes que Philippe Claudel explore ici avec une intensité poignante….

(Par Delphine Peras -Lire- le 01/09/2005)



Voilà un morceau ….

Enfin, un jour de novembre, le bateau parvient à sa destination, mais le vieil homme ne veut pas en descendre. Quitter le bateau, c'est quitter vraiment ce qui le rattache encore à sa terre. Deux femmes alors le mènent avec des gestes doux vers le quai, comme s'il était malade. Il fait très froid. Le ciel est couvert. Monsieur Linh respire l'odeur du pays nouveau. Il ne sent rien. Il n'y a aucune odeur. C'est un pays sans odeur. Il serre [... ]

Cinquante choses que je voudrais faire avant de mourir





Je voudrais monter en bateau mouche.
Me décider à jeter un certain nombre de choses que je garde sans savoir pourquoi je les garde.
Ranger ma bibliothèque une bonne fois pour toutes.
Faire l’acquisition de divers appareils électroménagers. Une machine à laver le linge par exemple. J’ai essayé, c’est très commode.
M’arrêter de fumer avant qu’un médecin : vous savez…
M’habiller de façon différente, me faire confectionner un costume trois pièces avec un gilet.
Aller vivre à l’hôtel.
Vivre à la campagne.
Aller vivre assez longtemps dans une grande ville étrangère, à Londres, par exemple.
Mais ça, je le ferai sans doute.
Je fais aussi des rêves de temps et d’espace comme par exemple : passer par l’intersection de l’équateur et la ligne de changement de date. Y passer à midi.
Aller au-delà ou au moins jusqu’au cercle polaire.
Vivre une expérience hors du temps.
Sans heure, sans point de repère temporel.
Faire un voyage en sous-marin.
Faire un long voyage sur un navire.
Faire un voyage en ballon, en dirigeable.
Aller aux îles Kerguelen. A cause du nom, de la distance, de l’éloignement, et parce que c’est un piton rocheux. Ou à Tristan da Cunha.
Aller au Maroc, à Tombouctou, à dos de chameau en 52 jours.
Il y a des choses que je voudrais avoir le temps de bien découvrir : aller dans les Ardennes. Aller à Bayreuth.
Aller à Prague, à Vienne ou au Prado.
Boire du rhum trouvé au fond de la mer, du rhum de 1650.
Avoir le temps de lire Henry James.
Voyager sur des canaux. En chaland, en péniche.
Il y aussi les choses que j’aimerais apprendre :
Trouver la solution du cube hongrois.
Apprendre à jouer de la clarinette, faire du jazz.
Apprendre une langue étrangère, l’italien serait pour moi le plus simple.
Apprendre le métier d’imprimeur.
Faire de la peinture. C’est d’ailleurs ce que je voulais faire au départ.
Il y a bien sûr les choses liées à mon travail d’écrivain, des projets :
Ecrire pour les tout petits enfants entre six mois et quatre ans, ceux qui ne savent pas lire.
Ecrire un roman de science-fiction.
Ecrire un scénario de film d’aventures avec 5000 kirghizes cavalant dans la steppe.
Faire un film grandiose.
Ecrire un vrai roman-feuilleton. Fournir ma copie tous les jours. Comme Simenon qui s’installait dans le hall de son journal et qui écrivait là.
Travailler avec un dessinateur de BD.
Ecrire des chansons. Pour Anna Prucnal.
Planter un arbre pour le regarder pousser.
Et puis il y a les choses impossibles que j’aurais aimé faire, comme me saouler avec Malcolm Lowry.
Ou faire la connaissance de Vladimir Nabokov.
Ca fait trente-sept choses seulement, mais ça suffit !

(Georges Perec)