dimanche 6 février 2011

Poème et tragédie

Dans "Désert"  Le Clézio narre deux histoires indépendantes : - l'histoire de Nour et des nomades du désert : dans ce premier récit le romancier raconte une aventure collective : celle des nomades du désert, exterminés par les troupes de l'armée française lors de la colonisation du Sahara occidental, entre 1909 et 1912.
Nour, un jeune garçon, est le témoin de ce drame.
L'histoire de Lalla : ce second récit se déroule en partie dans le même cadre géographique mais dans les années 1960-1970. Le romancier y évoque le destin individuel de Lalla, jeune fille née dans le désert. La jeune Lalla a pour ancêtres les 'hommes bleus', des guerriers du désert saharien. Elle vit une enfance heureuse dans un bidonville situé en marge d'une grande cité marocaine, aux portes du désert.

Adolescente, elle est obligée de fuir et se rend à Marseille. Elle y découvre la misère et la faim, " la vie chez les esclaves ". Si elle travaille dans un hôtel de passe, si elle tombe enceinte, si elle devient une célèbre cover-girl, rien n'éteint sa foi et sa passion pour le désert.
A la fin d'une longue errance, Lalla revient dans son pays natal. Elle renoue alors avec le bonheur et la vie.


"Ils étaient apparus, comme dans un rêve, en haut d'une dune, comme s'ils étaient nés du ciel sans nuages, et qu'ils avaient dans leurs membres la dureté de l'espace. Ils portaient avec eux la faim, la soif qui fait saigner les lèvres, le silence dur où luit le soleil, les nuits froides, la lueur de la Voie lactée, la lune ; ils avaient avec eux leur ombre géante au coucher du soleil, les vagues de sable vierge que leurs orteils écartés touchaient, l'horizon inaccessible. Ils avaient surtout la lumière de leur regard, qui brillait si clairement dans la sclérotique de leurs yeux .Le troupeau des chèvres bises et des moutons marchait devant leurs enfants. Les bêtes aussi allaient sans savoir où, posant leurs sabots sur des traces anciennes. Le sable tourbillonnait entre leurs pattes,
s'accrochait à leurs toisons sales. Un homme guidait les dromadaires, rien qu'avec la voix, en grognant et en crachant comme eux. Le bruit rauque des respirations se mêlait au vent, disparaissait aussitôt dans les creux
des dunes, vers le sud. Mais le vent, la sécheresse, la faim n'avaient plus d'importance. Les hommes et le troupeau fuyaient lentement, descendaient vers le fond de la vallée sans eau, sans ombre."




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire