Elle
consacre dans son rapport public annuel, publié mardi, tout un chapitre au
tourisme en Martinique (9% de son PIB), en Guadeloupe (7%), à la Réunion (2,6%)
et en Polynésie (7,7%), soit dans les trois départements et la collectivité où
cette activité est "un
atout fondamental".
Dans des territoires frappés par un chômage à plus de
20%, le tourisme peine à décoller: après une expansion dans les années 90, il
est en crise depuis le début des années 2000, "à contre-courant du dynamisme des îles tropicales
concurrentes".
L'épidémie du chikungunya en 2006 a amputé la Réunion de
40% de sa fréquentation hôtelière et la "crise du requin" depuis 2011 vient
inquiéter les touristes, tandis qu'aux Antilles la longue crise sociale de
début 2009 a engendré l'annulation de près de 10.000 séjours et laissé des
séquelles.
La Cour ne nie pas l'attractivité des îles voisines comme
la République dominicaine, Porto Rico, Cuba, les Bahamas dans les Caraïbes,
Maurice et les Maldives dans l'Océan indien ou bien Hawaï, Guam, les îles Cook
et le Vanuatu pour la zone Océanie, tient d'abord à leur main d'œuvre bon marché
et leurs normes moins drastiques.
Mais cela n'explique pas toutes les difficultés, souligne
la Cour, qui regrette des "interventions
peu dynamiques des collectivités" et "une action publique souvent inefficace".
Outre des "approches
peu innovantes" ou une "coordination insuffisante", "l'aménagement"
défaillant des sites, "la
faiblesse de l'offre hôtelière", un "déficit d'accueil et de formation"
(en langues parlées, horaires des magasins, etc.), sans parler du "manque de professionnalisme"
dans la promotion, ces destinations sont aussi pénalisées par une accessibilité
compliquée.
L'offre aérienne est peu diversifiée et connait de fortes
variations de prix avec l'impact des vacances scolaires françaises quand plus
de 80% de la clientèle vient de l'Hexagone. De plus la délivrance des visas
pose des problèmes.
Des visas difficiles à obtenir
Les régions, appelées par la Cour des Comptes à prendre
le rôle de "pilote",
ont d'ailleurs interpellé l'État sur cet sujet: être moins dépendant de la
métropole nécessite de s'ouvrir à la clientèle "régionale". Or les
formalités d'obtention de visas sont compliquées pour les visiteurs
d'Australie, de Chine, de Corée ou d'Inde, au nom du risque migratoire à la
Réunion. De même, Guadeloupe et Martinique ne faisant pas non plus partie de
l'espace Schengen nécessitent des visas courts séjour spécifique.
Difficile dans ce contexte de frilosité de donner corps
aux initiatives de diversification de la clientèle comme la stratégie des
"îles Vanille"
dans la zone de l'océan indien qui consiste en une vente d'offre combinée
inter-îles.
Toutefois, les quatre îles françaises disposent d'"atouts indéniables"
même s'ils sont encore "insuffisamment
valorisés". La stabilité politique, la sécurité sanitaires par
exemple sont prisées des seniors et des familles. La richesse culturelle et
festive qui rythme la vie des îles pourrait aussi être mieux exploitée ainsi
que "la qualité
exceptionnelle du patrimoine naturel".
Outre le classement à l'Unesco des cirques, pitons et
remparts de la Réunion, cette île partage avec la Martinique et la Guadeloupe
le fait d'avoir un volcan en activité. Donc potentiellement une activité de
santé-thalassothérapie axée sur la "silver
économie".
Et s'il manque des lits, alors que seul un accroissement
du nombre de chambres pourra entrainer la desserte aérienne, et que quasiment
aucune grande chaîne internationale ne s'y est implantée, le développement de
l'hébergement diffus comme le gîtes, chambres d'hôtes ou meublés de tourisme
"est prometteur pour
l'avenir".
Toutefois aux Antilles, une relance du secteur, qui
pourrait créer un cercle vertueux avec la pêche, le transport, l'artisanat et
la restauration, reste conditionnée à l'épineuse question de la dette fiscale
(50 millions d'euros) des groupes hôteliers, qui réclament un moratoire pour
pouvoir s'adapter.
L’Express- 11/02/2014
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