À l’occasion de la visite du président Xi Jinping à Paris, la charcuterie
française attendait l’autorisation d’exporter ses produits en Chine.
Les scandales sanitaires récurrents font du marché chinois une cible
privilégiée pour l’industrie agroalimentaire française.
Le président chinois Xi Jjinping, en visite d’État en France, était mardi
25 mars à Lyon avec des étudiants chinois. Mais Lyon est aussi considérée comme
la capitale de la charcuterie française. La filière française y a vu sans doute
un bon présage.
Le secteur charcutier attend en effet beaucoup de cette visite à l’occasion
de laquelle de nombreux accords commerciaux devaient être conclus, de l’automobile
à l’aéronautique, du nucléaire aux maisons de retraite (lire
ci-dessous). Mais on attendait aussi la confirmation de l’autorisation,
pour des PME agroalimentaires françaises, d’exporter jambon, saucisson et autre
andouillettes… La question avait été évoquée l’an dernier par le président Hollande
lors de sa visite à Pékin en avril, mais surtout lors du voyage
en décembre du premier ministre Jean-Marc Ayrault qui était notamment
accompagné du ministre délégué à l’agroalimentaire Guillaume Garrot.
Un protocole d’accord concernant des produits charcutiers a même été signé
à l’occasion, Guillaume Garrot évoquant alors « la dernière étape
avant l’agrément » définitif suspendu à l’enquête d’inspecteurs
sanitaires chinois. Entre cinq et dix entreprises pourraient être autorisées à
vendre leur production dans l’immédiat, offrant ainsi un espoir d’expansion à
toute une filière qui n’a pu prendre le train chinois qu’avec retard. Les
charcutiers espagnols ou italiens peuvent déjà proposer leurs spécialités sur les
tables de l’Empire du milieu.
Une anomalie selon les responsables de la filière charcutière alors que la
France a été pourtant le premier pays européen autorisé à exporter du porc
frais en Chine au milieu des années 2000 mais qu’elle n’a pas pu conclure
d’accords pour la charcuterie. Selon une source proche du dossier à Bercy,
l’accord d’hier pourrait conduire les entreprises à demander individuellement
leur agrément sanitaire aux Chinois…
Cette victoire de la charcuterie est l’illustration de l’attrait de ce
marché de 1,354 milliard d’habitants dont les habitudes de consommation
évoluent en même temps que leur appartenance sociale. « L’intérêt
des Chinois pour l’agroalimentaire vient d’une part d’une montée des classes
moyennes et de leur attirance pour des produits plus haut de gamme, ce qui a
dopé certaines filières comme les vins », dit Jean-François Dufour,
directeur du cabinet DCA Chine Analyse et auteur de Made by China
aux Éditions Dunod.
Selon ce spécialiste des relations commerciales avec la Chine, Pékin vient
aussi chercher certains produits spécifiques, comme le lait, en raison d’une
méfiance montante pour les approvisionnements domestiques, alimentée par des
scandales alimentaires à répétition. « Hier ces importations
laitières étaient essentiellement néo-zélandaises, dit-il. Demain
elles seront en partie françaises mais la concurrence sera rude. Un accord a
été signé ainsi lundi avec les Pays-Bas pour l’importation de lait. » Selon
Bercy, les exportations agricoles et agroalimentaires françaises vers la Chine
(hors Hong Kong) représentent 1,7 milliard d’euros dont quelque 60 %
de vins et spiritueux.
Les PME françaises sont donc à la recherche d’un nouveau souffle chinois, tout
comme les grands groupes d’ailleurs. « La Chine est aujourd’hui
notre quatrième marché, indique Laurent Sacchi, directeur délégué à la
présidence de Danone. C’est naturellement un axe stratégique important,
notamment pour les eaux en bouteille et l’alimentation infantile. » En
ce qui concerne l’alimentation infantile, les marques sont locales mais
les matières premières importées, d’où un sentiment de sécurité pour les
consommateurs. Danone espère aussi développer ses produits laitiers.« Le
gouvernement tente de promouvoir en ce moment la consommation de lait pour
l’équilibre alimentaire », souligne Laurent Sacchi.
(La Croix- du 26 mars 2014)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire