lundi 31 mars 2014

L’agroalimentaire français veut croquer le marché chinois


À l’occasion de la visite du président Xi Jinping à Paris, la charcuterie française attendait l’autorisation d’exporter ses produits en Chine.
Les scandales sanitaires récurrents font du marché chinois une cible privilégiée pour l’industrie agroalimentaire française.
Le président chinois Xi Jjinping, en visite d’État en France, était mardi 25 mars à Lyon avec des étudiants chinois. Mais Lyon est aussi considérée comme la capitale de la charcuterie française. La filière française y a vu sans doute un bon présage.
LE DOSSIER CHARCUTERIE DÉJÀ ABORDÉ EN 2013
Le secteur charcutier attend en effet beaucoup de cette visite à l’occasion de laquelle de nombreux accords commerciaux devaient être conclus, de l’automobile à l’aéronautique, du nucléaire aux maisons de retraite (lire ci-dessous). Mais on attendait aussi la confirmation de l’autorisation, pour des PME agroalimentaires françaises, d’exporter jambon, saucisson et autre andouillettes… La question avait été évoquée l’an dernier par le président Hollande lors de sa visite à Pékin en avril, mais surtout lors du voyage en décembre du premier ministre Jean-Marc Ayrault qui était notamment accompagné du ministre délégué à l’agroalimentaire Guillaume Garrot.
Un protocole d’accord concernant des produits charcutiers a même été signé à l’occasion, Guillaume Garrot évoquant alors « la dernière étape avant l’agrément » définitif suspendu à l’enquête d’inspecteurs sanitaires chinois. Entre cinq et dix entreprises pourraient être autorisées à vendre leur production dans l’immédiat, offrant ainsi un espoir d’expansion à toute une filière qui n’a pu prendre le train chinois qu’avec retard. Les charcutiers espagnols ou italiens peuvent déjà proposer leurs spécialités sur les tables de l’Empire du milieu.
Une anomalie selon les responsables de la filière charcutière alors que la France a été pourtant le premier pays européen autorisé à exporter du porc frais en Chine au milieu des années 2000 mais qu’elle n’a pas pu conclure d’accords pour la charcuterie. Selon une source proche du dossier à Bercy, l’accord d’hier pourrait conduire les entreprises à demander individuellement leur agrément sanitaire aux Chinois…
L’AGROALIMENTAIRE FRANÇAIS ATTRACTIF POUR LA CLASSE ÉMERGENTE CHINOISE
Cette victoire de la charcuterie est l’illustration de l’attrait de ce marché de 1,354 milliard d’habitants dont les habitudes de consommation évoluent en même temps que leur appartenance sociale. « L’intérêt des Chinois pour l’agroalimentaire vient d’une part d’une montée des classes moyennes et de leur attirance pour des produits plus haut de gamme, ce qui a dopé certaines filières comme les vins », dit Jean-François Dufour, directeur du cabinet DCA Chine Analyse et auteur de  Made by China  aux Éditions Dunod.
Selon ce spécialiste des relations commerciales avec la Chine, Pékin vient aussi chercher certains produits spécifiques, comme le lait, en raison d’une méfiance montante pour les approvisionnements domestiques, alimentée par des scandales alimentaires à répétition. « Hier ces importations laitières étaient essentiellement néo-zélandaises, dit-il. Demain elles seront en partie françaises mais la concurrence sera rude. Un accord a été signé ainsi lundi avec les Pays-Bas pour l’importation de lait. » Selon Bercy, les exportations agricoles et agroalimentaires françaises vers la Chine (hors Hong Kong) représentent 1,7 milliard d’euros dont quelque 60 % de vins et spiritueux.
Les PME françaises sont donc à la recherche d’un nouveau souffle chinois, tout comme les grands groupes d’ailleurs. « La Chine est aujourd’hui notre quatrième marché, indique Laurent Sacchi, directeur délégué à la présidence de Danone. C’est naturellement un axe stratégique important, notamment pour les eaux en bouteille et l’alimentation infantile. » En ce qui concerne l’alimentation infantile, les marques sont locales mais les matières premières importées, d’où un sentiment de sécurité pour les consommateurs. Danone espère aussi développer ses produits laitiers.« Le gouvernement tente de promouvoir en ce moment la consommation de lait pour l’équilibre alimentaire », souligne Laurent Sacchi.

(La Croix- du 26 mars 2014)

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