Quarante ans après leur naissance dans les rues de
New York, les tags et les graffitis ont
fait leur entrée dans les musées. Cet 'art vandale' est enfin
reconnu.
Les musées qui ont accueilli Picasso, Gustave
Courbet ou Anselm Kieffer viennent enfin d'ouvrir les portes à d'autres
artistes, plus habitués à la rue qu'aux lieux officiels. Les 300 œuvres
exposées à Paris faisaient partie de la collection d'Alain-Dominique Gallizia,
un architecte tombé fou amoureux de cet 'art vandale', depuis sa rencontre avec
un artiste qui avait peint des graffitis sur plusieurs grands panneaux qui se
trouvaient sur l'un de ses chantiers.
Le chemin parcouru a pourtant été long depuis les
premiers tags de Taki 183 et les wagons couverts de lettres énormes
en différentes couleurs à New York au début des années 1970. Au commencement, le
'tag' n'était rien d'autre qu'une signature. Écrire son nom, s'est prouver
qu'on existe. Signer sur les rames de métro qui circulent entre le Bronx et
Brooklyn, c'est envoyer des messages, lancer des défis. Si au début les tagueurs employaient un feutre pour mettre
leurs tags, ils sont vite passés à la bombe à peinture. Cela permettait aux
jeunes artistes – parfois ils n'avaient que douze ou treize ans – de vite recouvrir une
grande surface. Chacun s'invente son propre style. Les grands s'appellent
Crash, Blade, Seen, Dondi, Stayhigh 149, Toxic ou Futura 2000.
C'est un jeune Franco-Américain, Philip
Lehman, alias Bando, qui découvre les tags, un été, à New York, et les importe en
France au début des années 1980. Suivent Psyckoze,
Spirit et quelques autres. Le mouvement est lancé. "Depuis, les tags et
les graffitis ont bien évolué. Ils sont devenus plus grands, plus beaux. Le but
est de faire mieux", explique Bando. Et ce, malgré la police qui, au
début, chassait les tagueurs et les graffiteurs. Beaucoup d'entre
eux se sont même trouvés en prison.
De la prison au musée, il a quand même fallu près
de trente ans, même si Jean-Michel Basquiat, qui, lui aussi, a commencé par le
graffiti dans la rue, et ses copains Toxic, Zee et Keith Haring ont vite trouvé
leur place dans les collections d'œuvres d'art. Ils sont l'exception. Pour les
graffiteurs, il s'agissait avant tout de créer un art original et fort. Pour
les véritables artistes – 10% des tagueurs selon Magda Danysz – les murs blancs
d'une galerie ou d'un musée sont une étape logique. "Nous sommes
des peintres comme les autres", affirme Quik. "Nous avons commencé
dans la rue mais petit à petit nous nous sommes développés
pour enfin devenir de vrais artistes." "Le graffiti est un art
différent qui attire un public différent", explique Bando. Actuellement le
succès des graffiteurs ne cesse de grimper. Selon Arnaud Olivieux, la dernière
vente qu'il a organisée a rapporté au total 450 000 euros pour 80 œuvres.
"Les gens qui achètent ses œuvres ont grandi avec les graffitis",
explique Arnaud Olivieux. "Ils recherchent des artistes de leur génération." Pour
la petite histoire: Laurence Parisot, la patronne du Medef (Mouvement des
Entreprises de France) a acheté une œuvre de Quik pour l'accrocher dans son
bureau. Mais, même si certains artistes commencent à être très recherchés,
beaucoup de gens les regardent encore d'un mauvais œil. "Beaucoup se
demandent si c'est vraiment de l'art", nous dit Pedro Alonzo, "mais
Marcel Duchamp et son urinoir n'ont pas été accepté tout de
suite non plus. Voilà des gens qui créent un art différent, dans un milieu
différent. Mais ce sont des artistes."
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, le
graffiti est un art difficile qui demande beaucoup de travail et
d'entraînement. Quik raconte qu'à une certaine période de sa vie il peignait
dix à douze heures par jour. "Moi, je travaille tous les jours", nous
confie Bando qui, parfois, s'enferme de longues heures pour imaginer une
nouvelle forme de lettre. Les tags et les graffitis demandent beaucoup de
préparation. D'abord, à cause des conditions de travail: lorsque l'on
peint des rames de métro, il faut être rapide et bien savoir ce que l'on va
faire. Mais il y a aussi la passion. Les tagueurs aiment beaucoup la calligraphie ou
l'art de la belle écriture. C'est d'ailleurs pour cela qu'ils préfèrent le nom
de 'writers' à celui de tagueurs. Ils cherchent à faire
évoluer la manière de composer des lettres, de les présenter. "Ne vous y
trompez pas", nous explique Bando, "l'art du tag est aussi difficile
que celui des lettres gothiques au moyen âge."
L'art de la rue – l'art vandale selon certains – a
beaucoup évolué. Aujourd'hui, les stickers et les affiches
attirent de nombreux collectionneurs. Pourtant, il y a hésitation.
Pour certains, cet art a atteint son sommet, pour d'autres, ce n'est encore
qu'un début… L'histoire nous l'apprendra.
Source: LExpress.fr
Questions
1. Où
et quand les tags et les graffitis ont-ils trouvé leur origine?
2. Comment
les tags et les graffitis ont-ils longtemps été considérés?
3. Qui
est Alain-Dominique Gallizia? Comment a-t-il 'découvert' les tags et les
graffitis?
4. Qu'était le
'tag' à l'origine? Quel en était le but?
5. Qu'est-ce
que les tagueurs employaient au début pour mettre leurs tags? Et de nos jours?
Quel est l'avantage de ce nouvel 'outil'?
6. Qui
a importé les tags en France? Quels ont été les premiers grands noms en France?
7. Au
début, les graffiteurs ont connu beaucoup de problèmes? Comment?
8. Si
la plupart des tagueurs ont connu bien des difficultés au début, quelques-uns
ont réussi à trouver une place dans des collections. De qui s'agit-il, par
exemple?
9. Que
dit Quik sur l'évolution des tagueurs?
10. Comment Bando explique-t-il
le manque d'intérêt du grand public au début?
11. D'après Arnaud Olivieux, qui
achète des graffitis aujourd'hui? Pourquoi?
12. Comment Pedro Alonzo
explique-t-il les difficultés qu'ont connues les graffiteurs au début?
13. Le graffiti est un art beaucoup
plus difficile qu'on ne pense. Comment?
14. Les tags et les graffitis
demandent beaucoup de préparation. Quelles sont les deux raisons principales?
15. Pourquoi les tagueurs
préfèrent-ils le nom de 'writers'?
16. À quoi Bando compare-t-il l'art
du tag?
17. Malgré le succès de l'art du tag,
un nombre de collectionneurs semblent hésiter. Pourquoi?
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