mercredi 27 novembre 2013

Haussmann, l'homme qui bâtit Paris



À la demande de Napoléon III, Haussmann entreprit des travaux d'une telle ampleur qu'ils ont donné à la capitale sa physionomie actuelle.

Faire de la capitale une ville moderne. Telle était la mission d'Haussmann, qui, pendant près de dix-sept ans avec un soutien inconditionnel de Napoléon III, transforma Paris. Avant le vaste chantier entrepris par Haussmann, Paris n'avait pas la carrure d'une capitale, et ne reflétait pas les aspirations de pleine puissance de Napoléon III. Ville médiévale aux ruelles étroites et insalubres, parfois glauques et mal famées, Paris a littéralement été bouleversée par les plans du baron. Dans un premier temps il "nettoya" les rues, expropriant et indemnisant les habitants puis défonçant des centaines de constructions. Parmi les bâtiments et monuments démolis, on compte le marché des Innocents, la tour des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Latran, l'hôtel Coligny ainsi que de nombreuses églises et chapelles, le percement des boulevards Sébastopol-Magenta et Saint-Germain, les avenues Foch, Victor-Hugo et George V, les rues de Rivoli, Rennes et Réaumur...
Il façonna ensuite de grandes avenues capables d'absorber une circulation en constant accroissement - chiffres de l'évolution démographique - et dota la capitale de deux poumons en aménageant les bois de Boulogne puis de Vincennes et en construisant un chemin de fer circulaire pour faciliter les communications. Haussmann construisit sans compter. Le but de tous ces travaux était de créer des voies de communication et d'échanges, des infrastructures pour favoriser le commerce mais aussi la vie quotidienne des habitants en améliorant l'hygiène et en les tirant vers un niveau de vie plus élevé.
Son projet pour Paris intégrait également la mise en place d'un immense réseau d'égouts. Accompagné de l'ingénieur Eugène Belgrand, Haussmann développa les égouts dans des proportions invraisemblables pour l'époque : en 1878, Paris comptait près de 600 kilomètres d'égouts. On lui doit également le parc Montsouris, les Buttes-Chaumont, le visage actuel des Champs-Élysées, les Grands Boulevards, etc.
Pendant près de dix-huit ans, entre 1853 et 1870, Haussmann dirigea une équipe chargée de révolutionner le paysage urbain de la capitale. Soutenu par Napoléon III et le ministre de l'Intérieur Persigny, Haussmann s'entoura d'une équipe dévouée et efficace composée de personnes telles que le scientifique Dumas, les architectes Hittorff, Baltard, Ballu et Garnier, mais aussi des banquiers Péreire et Rothschild, rivaux réunis par des intérêts communs. En effet, le baron bénéficiera de budgets considérables et souvent dépassés pour réaliser son projet alimenté en partie parce que l'on appellera l'"Emprunt". Ce financement se fait par un système d'emprunt gagé par les recettes de la ville en constante augmentation et présenté comme le modèle de "dépenses productives", ingénieuse formule inventée par Persigny et Haussmann. Un montage financier qui finalement causera l'éviction d'Haussmann. Face à l'ampleur et au coût des travaux, de nombreux sceptiques ont cherché à écarter le baron, et lorsqu'on voit les chiffres, on comprend pourquoi : avant l'entreprise d'Haussmann, Paris récoltait en 1852 environ 52 millions d'impôts ; en 1869, ce sont près de 232 millions qui entrent dans les caisses. Le coût du projet haussmannien s'élève à environ 2,1 milliards.

Le désaveu de Napoléon

Tout n'allait pas trop mal jusqu'en 1867, où le peuple et plusieurs parlementaires tels que Ernest Picard et Jules Ferry commencèrent à demander des comptes, parfois de façon virulente, las des pratiques douteuses d'Haussmann pour mener à bien la tâche qu'il s'était fixée. Un débat au Parlement conduira à l'instauration d'un contrôle de son travail, chose qu'il avait toujours soigneusement évitée. Juste avant la chute de l'empire, alors qu'il espérait encore décrocher un poste ministériel pour développer ses chantiers à l'échelle nationale, Haussmann est renvoyé par le chef du gouvernement Émile Ollivier.
Il est donc relevé de ses fonctions par le décret impérial du 5 janvier 1870, publié dans le Journal officiel du 6. En effet, à la fin du Second Empire, Haussmann est l'un des hommes les plus brocardés de France. Il a bousculé trop d'habitudes et remis en question trop de situations acquises : le remodelage de la géographie parisienne et les programmes de constructions nouvelles ont, en effet, déclenché une vague de spéculations sans précédent. Le coût des travaux entrepris est énorme, à tel point que Jules Ferry en écrira le célèbre pamphlet Comptes fantastiques d'Hausmann. Des monuments vénérables ont été détruits trop brusquement et le personnage d'Haussmann présente un côté agaçant. Tout au long de sa carrière, il a montré une ambition forcenée, d'un opportunisme impudent.
Avec le recul du temps et en prenant compte tout de même de la disparition d'un nombre important de constructions et sites liés à l'histoire de Paris et de France, on ne peut que reconnaître la nécessité et la beauté du résultat des travaux menés par Haussmann. 

d’après le Point du  20 aout 2013


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