Dans les pays où la taxe kilométrique poids lourds est appliquée, comme
en Allemagne, son impact est plutôt positif d'un point de vue environnemental
sans pour autant mettre en difficulté les transporteurs.
La France enterre donc
l’écotaxe poids lourds jusqu’à nouvel ordre.
Pourtant, celle-ci existe déjà chez plusieurs de nos voisins, qui n’ont pas
l’air de s’en porter si mal que ça. Car la taxe kilométrique poids lourds
(TKPL), facultative, découle de la directive européenne Eurovignette.
L’idée ? Appliquer au fret routier les principes utilisateur-payeur et
pollueur-payeur, via une sorte de péage (celui-ci paierait le droit d’utiliser
les infrastructures routières, de la même façon que les opérateurs ferroviaires
mettent la main à la poche pour avoir le droit d’utiliser les voies ferrées).
Et inciter les entreprises à utiliser, pour le transport de marchandises, des
modes moins polluants que la route.
En plus de la Suisse,
pionnière en 2001, six pays de l’UE ont opté pour un système de tarification au
kilomètre proche de celui que la France envisageait : Autriche, République
Tchèque, Allemagne, Slovaquie, Pologne et Portugal. L’Autriche a inauguré le
bal, avec l’instauration en 2004 de la «Maut». L’Allemagne a suivi un an plus
tard. Résultat, outre-Rhin ? Des revenus plus qu’alléchants : plus de
4,3 milliards d’euros en 2012 ! Sachant que le système coûte 600 millions
d’euros, que quelque 400 millions sont redistribués au secteur routier (sous
forme de subventions ou de réductions de taxes), il reste plus de 3 milliards,
qui sont investis dans les infrastructures routières (lesquelles s’abîment
20 à 100 fois plus avec des poids lourds qu’avec des voitures).
IMPACT RÉDUIT SUR LE PRIX DES MARCHANDISES
L’impact sur le prix au détail des
marchandises serait, lui, limité. «Entre 0,1 et 0,2% en Allemagne et en
Suisse», indique Michel Dubromel, responsable transports et
mobilités durables à la fédération France Nature Environnement (FNE). Qui
souligne : «Dans ces deux pays, le transport
routier se porte très bien». «L’exemple allemand démontre que
l’écotaxe n’a aucun impact négatif sur l’économie, bien au contraire,
ajoute William Todts, de Transport & Environment, une fédération d’ONG
environnementales travaillant sur le transport durable et basée à Bruxelles. Alors qu’aujourd’hui, c’est la société dans son ensemble
qui paie pour les coûts externes des poids lourds. Le coût pour la santé, à
cause de la pollution provoquée par ceux-ci, est estimé à 45 milliards d’euros
en Europe ! Il serait beaucoup plus juste d’appliquer le principe
pollueur-payeur».
Quid des effets sur l’environnement de
l’écotaxe, justement ? Le premier (deux tiers de l’impact environ, selon
Transport & Environment), c’est l’adaptation du transport routier. Fini les camions
qui roulent à vide, les transporteurs optimisent leur logistique et les
circuits de livraison. «Ils ont augmenté leur taux de chargement de 60%
en Suisse entre 2001 et 2005, et la même chose s’est produite en
Allemagne», selon Michel Dubromel.
Deuxième effet :
le report modal, c’est-à-dire le choix de modes de transport moins polluants,
comme le fret ferroviaire et fluvial. Petite déception sur ce point. En
Allemagne, entre 2000 et 2010, le fret ferroviaire n’a progressé que
de + 3% en volume (sachant que la taxe est appliquée depuis 2005). Certes,
dans le même temps, il reculait de 7% en France. Mais c’est tout de même moins
qu’espéré. «Le report modal n’est pas au rendez-vous comme on aurait pu
le croire, admet Michel Dubromel. Mais c’est surtout parce que le
transport routier s’est adapté».
Nos voisins ont connu quelques ratés au
démarrage, notamment techniques. Et puisque personne n’est ravi de devoir
débourser plus, il y a eu des résistances. «Mais
en général, une fois la décision politique prise, la taxe poids lourds n’a pas
posé de problèmes majeurs», assure William Todts. «Dans les pays où elle existe, la tendance n’est pas de
l’abolir mais plutôt de l’étendre, parce qu’on a commencé avec un système
restreint et que ça marche. La décision française de la reporter est
regrettable, cela risque de décourager d’autres pays qui réfléchissent à
instaurer une telle taxe.»
Qu’est-ce que c’est la TKPL ?
Quels avantages cette
taxe apporterait-elle ?
Quels seraient les
effets sur les marchandises ?
Dans quels Pays existe-t-elle
déjà ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire