dimanche 2 juin 2013

Les poules débarquent en ville


Claire est une Parisienne qui a bien de la chance. Non contente d'habiter un rez-de-chaussée avec cour  privative et jardin  derrière la butte Montmartre, la  jeune femme a  le privilège, chaque matin, de  pouvoir récolter un œuf frais au saut du lit. Car depuis six mois, elle est l'heureuse propriétaire d'une  poule naine. «J'avais envie d'un retour à la nature, explique-t-elle. Et puis cela me rappelle mon enfance ».
Ses  voisins n'ont pas tiqué. Au contraire. « Leurs enfants sont ravis de nous rendre visite! », se réjouit-elle. Avec sa poule en plein Paris, Claire passe encore pour une originale. Mais pour combien de temps? L'élevage de gallinacés en ville gagne du terrain. Les jardineries Truffaut ont vendu plus de 20.000 poussins et poules pondeuses ou d'ornement à des particuliers en 2011.  «  L'activité basse-cour  a  augmenté de plus de 50 % cette année », précise Pierre-Alain Oudart, chef de produit. « Elle connaît un grand  succès dans  tous nos magasins en  zone périurbaine.»  Cela  se confirme à  Toulouse, Aubagne et Amiens,  mais également autour de la capitale, d'Herblay (95) aux abords du  Stade de France, à Saint-Denis (93). En deux ans d'existence, l'entreprise alsacienne Eco-poules a écoulé suffisamment de poulaillers en  kit pour abriter 30.000 gallinacés:  «  Nous nous attendions  à  toucher des milieux plus ruraux  », observe  Stanislas  de Beaumont, son  fondateur.  «  Mais c'est en ceinture parisienne que nous avons le plus de  clients. Et 80 % de nos ventes se réalisent sur Internet. »
De fait, sur le Web, on voit fleurir les échanges d'accros de la crête, soucieux d'offrir un habitat cosy à  Poupoule (200 euros pièce en moyenne). Et les fabricants d'abris rivalisent d'idées pour se distinguer  sur un marché concurrentiel où dominent les produits à bas coût importés d'Asie.  L'argument  économique ne  semble pas prioritaire: produire des œufs moins cher sur son balcon qu'en batterie  relèverait de l'exploit. En général, écologie et retour au naturel sont mis en avant.
Ainsi, Eco-poules vante ses structures en bois local et renouvelable et promeut l'appétit féroce des  bêtes à plumes pour les restes de cuisine. «  Une poule peut consommer jusqu'à 200 kg par an de déchets  organiques. Or, la loi « Grenelle 1 » va imposer de les recycler à 45 %  en 2015 », n'hésite pas à avancer  Stanislas de Beaumont. Les fientes, elles, peuvent même enrichir l'engrais du potager...
D'autres, malins, parient aussi sur le design, comme  « Pousse Créative », la jeune société qui a  fourni  à Claire le petit habitat esthétique et éco-conçu où niche son gallinacé. Une cabane dont on  peut choisir la couleur, avec un espace grillagé pour s'ébattre, une jardinière sur le toit où planter  fleurs et aromatiques pour l'aspect campagne en ville, et dont l'entretien est facilité par un tiroir  amovible. « Un peu de litière, un nettoyage par semaine et il n’y a pas d'odeurs », assure Claire. […]
Crainte de la malbouffe, rejet des élevages industriels, souci pédagogique ou simple compagnie: ce  qui pousse jeunes parents et retraités à craquer pour la cocotte n'est guère différent en France et aux  Etats-Unis, où la tendance est née.
Contre toute attente, New York, Seattle, Chicago et Los Angeles ont  été pionnières dans  l'autorisation des poules en ville, et le mouvement s'étend. A Montréal, un  « Collectif en  aménagement paysager et en agriculture urbaine durable (CRAPAUD) » a lancé en 2010 une pétition  pour lever l'interdiction de l'élevage citadin ... En France, certains règlements municipaux ou  de  copropriété peuvent poser leur veto. Mais, de manière générale, les poules en petit nombre sont  considérées comme des animaux domestiques, au même titre que les hamsters.
Michel Audureau, grand connaisseur et auteur de « Et si j’élevais une poule », , conseille toutefois de  bannir le coq et ses tonitruants réveils (la poule n'en a pas besoin pour pondre). Puis de veiller au  bien-être animal. «  Une poule a besoin de picorer, il lui faut de la terre et un minimum de surface. Difficile  donc de l'installer sur un balcon, d'autant qu'elles sont sensibles au froid,» Les amateurs d'œufs choisiront  une poule rousse ou une marans et, pour des coques bien dures, lui serviront des céréales. Quand on  veille au grain, Poupoule le rend bien!
Christine Taconnet, Le Monde, 29/12/2011
Compréhension
1.       Pourquoi l'entreprise « Eco-poules » s’attendait-elle « à toucher des milieux plus ruraux »?
2.       Expliquez l’expression   «accros de la crête».
3.       Ceux qui élèvent des poules en ville le font-ils surtout pour des motifs économiques ?
4.       Est-ce que cet élevage implique un travail pénible ?
5.       Pourquoi un « souci pédagogique » pousse-t-il certains parents à élever des poules ?
6.       Cet élevage est-il permis partout en France ?
7.       Pourquoi l’élevage des coqs n’est-il pas conseillé?
8.       Expliquez la phrase « Quand on veille au grain, Poupoule le rend bien! »
Production
·         Résumez le texte en quelques lignes.
·         Elever des poules en ville : cela est dû à une certaine nostalgie de la nature, de la vie à la  campagne, du contact quotidien avec les animaux domestiques, d’une alimentation plus saine et  plus simple. A la lumière de votre expérience, examinez ces sentiments.

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