jeudi 1 novembre 2012

Inde : L'Oréal à la conquête des classes moyennes



Le géant des cosmétiques multiplie les petits formats pour être présent dans plus de 1,5 million de points de vente traditionnels dans le pays.
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«L'Inde est un torture test, prévient en souriant Jochen Zaumseil, patron de la division Asie Pacifique de L'Oréal. Un pays émergent extrême.» Le leader mondial des cosmétiques a créé une filiale dans le pays dès 1995, la même année qu'en Chine. Avec 240 millions d'euros de chiffre d'affaires, L'Oréal India est aujourd'hui six fois moins gros que L'Oréal China. Dans l'empire du Milieu, le groupe a profité de l'explosion des classes moyenne et supérieure et du développement de réseaux de distribution modernes. Pour réussir dans les hypermarchés, parfumeries et autres grands magasins chinois, les Loréaliens ont déployé la même stratégie qu'en Occident.
En Inde, la situation s'est révélée beaucoup plus complexe. Le réseau d'hypermarchés reste embryonnaire et celui des parfumeries inexistant. Même si le gouvernement indien vient tout juste d'autoriser les chaînes d'hypermarchés étrangères à s'implanter dans le pays, la distribution grand public restera dominée par les 5 millions de «kiranas», des échoppes traditionnelles rudimendaires en apparence, mais en voie de modernisation. «Les patrons de kirana sont connectés à Internet, prennent les commandes par téléphone et sont capables de livrer à domicile en 15 minutes», témoigne Pierre-Yves Arzel, le nouveau patron de L'Oréal India. «L'Inde est une grande économie de gens modestes, avec beaucoup de haute technologie et pas assez d'infrastructure, ajoute Rama Bijapurkar, gourou des géants de la grande consommation en Inde. Pour réussir, il faut s'adapter au contexte et ne pas se contenter de s'adresser aux 20 % des Indiens les plus riches, qui ne réalisent que 40 % des dépenses.»
En Inde, trois quarts des ventes de shampoing sont ainsi réalisées avec des sachets de 5 ml et 7 ml vendus 1,5 et 3 roupies (soit 2 et 4 centimes d'euro). «Au début, nous n'avions pas compris le marché, reconnaît Jochen Zaumseil. Nous ne savions pas fabriquer pas cher, et nous pensions que les sachets étaient réservés aux échantillons insérés dans les magazines. De plus, nous avons mis du temps à comprendre que ce n'est pas la taille ou le prix qui donne à une marque son caractère aspirationnel.»
Une rude bataille
Une véritable révolution culturelle s'est peu à peu opérée chez L'Oréal. Le shampoing fortifiant Fructis est ainsi désormais vendu en quatre formats de bouteilles de 100 ml pour 65 roupies (moins d'un euro), à 700 ml pour 299 roupies. Et surtout, depuis quatre ans, en sachets. Grâce à ces références accessibles, Garnier est désormais présente dans 750.000 kiranas. C'est plus de 60 % des points de vente du groupe en Asie Pacifique, pour moins de 7 % du chiffre d'affaires dans la région. L'Oréal ne compte pas s'arrêter là et vise le doublement de son réseau de distribution en Inde, pour être présent dans 1,5 million de kiranas.
Les représentants de ses 600 distributeurs doivent livrer une rude bataille face à Unilever et Procter. Les places sont chères dans ces échoppes minuscules, où les bandelettes de sachets de shampoing pendent, attachées à un fil. Le plus efficace consiste à financer des petites vitrines aux couleurs de Garnier présentant shampoings et ­crèmes éclaircissantes, avec des contrats renouvelés (ou non) tous les trois mois. L'Oréal ne négligera aucun détail pour s'imposer sur ce marché au potentiel considérable.
Lefigaro.fr du  16/09/2012 


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