jeudi 6 septembre 2012

Refonder l’enseignement de l’orthographe


Hélène Renard : Pourquoi l’orthographe est-elle un enjeu  majeur pour la réussite des élèves ?

Jean-Michel Blanquer : C’est évidemment, au premier abord déjà, un enjeu tout simplement de maîtrise de l’écrit évident. Mais derrière ça, on voit aussi d’autres choses, c’est-à-dire que derrière l’orthographe, il y a aussi le signe que quelqu’un comprend bien ce qu’il écrit puisque la grammaire, en particulier, renvoie à une compréhension de la place de chaque mot dans une phrase.
Ce point-là est très important parce qu’en fait il relie la question de l’orthographe, qui peut apparaître comme une question de forme, à de véritables questions de fond, de compréhension. Et puis, plus profondément encore, l’orthographe n’est jamais qu’une structuration de la langue. Et c’est la langue qui fait de nous des êtres humains.
Donc, derrière l’orthographe, il y a une question de structuration mentale, il y a une question de rapport à l’autre et donc, on voit bien que les enjeux sont non seulement pédagogiques, mais en réalité aussi éducatifs.

Hélène Renard : Donc c’est très important. Aujourd’hui, à l’heure du numérique, on entend dire qu’il existe des correcteurs orthogra-phiques, ce qui dispenserait  d’apprendre l’orthographe... Mais évidemment, avec vos réponses, on voit qu’on ne peut pas s’en dispenser. Que répondriez-vous si on vous disait cette remarque ?

Jean-Michel Blanquer : Je pense que le numérique peut être à la fois l’ennemi et l’ami de l’orthographe et que c’est, là aussi, une question de stratégie et une question d’action. On voit bien que, par exemple, la question des correcteurs orthographiques, ça peut être presque un problème, parce que ça peut créer une sorte de facilité pour l’usager. Mais inversement, ça peut aussi être un outil intéressant parce que c’est un outil de correction qui fait prendre conscience des difficultés.
Par exemple, on peut très bien imaginer en classe, avec des tableaux interactifs, des corrections automatiques ou non, qui permettent de faire prendre conscience des choses. Si vous regardez les pratiques des jeunes en particulier, en matière de SMS , vous voyez qu’au tout début, il y avait l’usage des abréviations et des mots écrits de façon phonétique. Maintenant, avec les correcteurs orthographiques, c’est sans doute moins répandu . Et surtout, vous avez aussi des logiciels de reconnaissance vocale qui écrivent de façon correcte ce que vous avez dit. Donc celui qui parle voit s’écrire de façon correcte ce qu’il a dit et ça peut aller dans le bon sens. Mais évidemment, tout ça est une question de maîtrise. C’est pourquoi, d’ailleurs, ces questions de la relation entre le numérique et l’orthographe font partie des choses qui doivent être vues à l’école.



1.       D’après Jean-Michel Blanquer, en quoi l’orthographe est-elle un enjeu majeur pour la réussite des élèves ?
2.       Pourquoi l’orthographe est-elle, selon lui, plus qu’un enjeu pédagogique ?
3.       Quelle est la position de Jean-Michel Blanquer au sujet des correcteurs orthographiques ?
4.       Comment la rédaction des SMS a-t-elle évolué avec l’apparition des correcteurs orthographiques ?
5.       En conclusion, quelle proposition est faite par Jean-Michel Blanquer ?
6.       Selon vous, le langage SMS constitue-t-il un danger pour l’orthographe ? Illustrez votre point de vue par des exemples.
7.       Des études montrent que l’orthographe s’est dégradée chez les élèves depuis quelques décennies en France. Qu’en est-il dans votre pays ? Le niveau d’orthographe est-il préoccupant ?
8.       Le français vous semble-t-il une langue difficile à écrire ? Pour quelle(s) raison(s) ?



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