mercredi 30 mai 2012

Souriez, vous êtes filmés… par des satellites !


Élodie Courtejoie : Vous évoquez tour à tour les satellites, Internet et, de manière générale, les systèmes de surveillance. Alors, Jacques Arnould, est-ce que nous devons faire une différence entre « vigilance » et « surveillance » ?
Jacques Arnould : Bien évidemment, je crois que vous allez directement au cœur du sujet parce que ce que j’ai voulu conclure, c’est que, sans du tout nier l’importance des questions de surveillance et des enjeux éthiques, juridiques, du fait que l’on nous regarde sans cesse, qu’il y a des caméras partout dans nos villes, qu’il y a des avions, qu’il y a des ballons parfois, et même des satellites qui nous observent, donc qui nous surveillent, qui regardent le moindre de nos gestes, il ne faut pas à mon avis s’en arrêter là. On entend beaucoup de gens dire : « nous voulons plus de caméras » ou, au contraire, « nous voulons moins de caméras », « au nom de la sécurité, qu’est-ce qu’il faut faire ? » etc. Je crois que c’est une réalité qui déjà mérite d’être débattue plus qu’elle ne l’est, mais il faut aller au-delà et se rappeler tout simplement que surveiller, c’est aussi « veiller sur » et que le fait de  veiller a un côté plus positif sans doute que « surveiller », qui est souvent connoté négativement.
Élodie Courtejoie : Alors, on retrouve bien là votre manière de tempérer les éléments. Pourtant, vous citez, dès les premières pages de votre livre, George Orwell qui est connu pour son livre 1984, roman d’anticipation où Big Brother est la métaphore du régime policier et totalitaire. Alors, y a-t-il une différence entre le Jacques Arnould que je vois devant moi, qui tempère et le Jacques Arnould qui est l’auteur de ce livre ?
Jacques Arnould : Non. J’ai commencé par citer 1984 parce que je crois que, dans la tête de la plupart des occidentaux tout au moins, il y a toujours, sans avoir nécessairement lu d’ailleurs le roman, Big Brother, qui est partout, qui nous surveille, le grand frère. D'ailleurs, on pourrait longuement débattre sur le terme qu’a choisi l’auteur de ce roman. Mais justement, partons de ce que nous vivons, de la peur que nous pouvons avoir, de la crainte d’être trop surveillés, commençons par faire le bilan. C’est pour ça que je cite Orwell. C’est pour vraiment, pas tout de suite, partir dans les nuages, dans les grands rêves. Partons de notre réalité et à partir de là, essayons de construire un discours pas nécessairement plus tempéré. Vous le dites de moi. Peut-être que votre lecture a donné cette impression-là, mais j’essaie en tout cas d’être un peu plus lucide, un peu plus, si j’ose dire, intelligent sur : dans quel contexte ces craintes de surveillance s’inscrivent-elles ? Et on ne peut pas réduire ces questions précisément à Big Brother. Il faut aller au-delà.Big Brother est bien là, mais il y a plus que Big Brother. En tout cas, il y a manière de voir Big Brother de manière un peu différente.

REPONDEZ :
1- En quoi consiste le travail de Jacques Arnould ?

2- Selon Jacques Arnould, de quoi faudrait-il débattre en priorité ?

3- Quelle différence Jacques Arnould établit-il entre « vigilance » et « surveillance » ?

4- Pourquoi Jacques Arnould cite-t-il George Orwell dans son livre ?

5- Quelle piste de réflexion Jacques Arnould suggère-t-il ?

6- Quelle est la conclusion de Jacques Arnould à l’issue de cet entretien ?
7-De nombreuses villes disposent aujourd'hui de caméras qui filment en permanence les habitants pendant leurs activités quotidiennes. Est-ce souhaitable ? Quel est l’effet escompté ? L’objectif est-il généralement atteint ?

8- Selon vous, devons-nous avoir peur de la multiplication des systèmes de surveillance des citoyens ou, au contraire, nous en réjouir ? Expliquez.
9-Que pensez-vous du contrôle qui tend à s’établir sur les échanges sur Internet ? Y êtes-vous favorable ? Dans quels cas ?
10- Un système démocratique peut-il en même temps être un système de surveillance des citoyens ?


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire