samedi 11 février 2012

L’essentiel avec ... Jean-Jacques Annaud


Jean-Jacques Annaud, membre de l’Académie des beaux-arts depuis 2007, détenteur d’un oscar et de quatre césars, cinéaste français le plus regardé au monde, possède l’une des plus belles carrières du cinéma hexagonal.

Jacques Paugam : Dans votre itinéraire professionnel, dans votre carrière, quel a été, Jean-Jacques Annaud, jusqu’à présent, le moment essentiel ?

Jean-Jacques Annaud : Écoutez, le moment clé pour moi est sans doute le jour où j’ai été reçu à l’école de cinéma. Parce que je viens de la banlieue, d’un milieu de Français tout à fait moyens, sympathiques. C’étaient, comme on disait autrefois, des gens méritants, qui avaient acquis à force de* travail un petit pavillon* de banlieue avec un petit jardin, des fleurs, donc j’ai eu une enfance tout à fait heureuse : j’étais fils unique, j’avais un petit chien, un papa, une maman adorables, donc tout fonctionnait très bien…
Sauf que, lorsque j’ai eu, vers l’âge de 7 ans, l’envie de faire du cinéma, mes parents sont un peu tombés des nues*, on ne savait pas du tout dans la famille comment on pouvait faire ce métier de saltimbanque*. Oui, j’étais un tout petit gamin… C’est en recevant un catalogue d’appareils de photo et d’appareils de cinéma que j’ai eu envie de jouer avec ces mécaniques, qui étaient associées évidemment au moment de rêve du samedi, où l’on m’emmenait au cinéma de la petite localité. Et où, d’un seul coup, le rideau s’ouvrait sur un monde qui n’était pas le mien, qui était le monde du rêve, de l’aventure, des émotions. Car chez moi, si vous voulez, tout était très calme. Il n’y avait pas énormément d’émotion : dans ma vie tout était serein. Et du coup, j’ai eu très très tôt envie de m’aventurer dans ce métier étrange.
 Alors je me souviens, la première réaction des amis de mes parents était de dire : « Quel dommage, un si bon élève ! »

Jacques Paugam : Vous avez quand même fait votre bac latin-grec, licence de lettres et tout…

Jean-Jacques Annaud : Oui, mais ça, si vous voulez, c’était en fait en plus, parce que, comme mes parents ne connaissaient personne, la seule manière de s’aventurer dans la vie était à travers l’école laïque et obligatoire. Et je dois dire que je suis infiniment reconnaissant à mon pays de m’avoir financé des études de qualité. J’ai été à l’école communale comme tous les enfants. Ensuite, j’ai intégré les écoles de cinéma nationales où je n’ai pas eu un centime à débourser. Ça s’appelle aujourd’hui Louis Lumière et la Fémis*. Ce sont deux écoles prestigieuses. Et comme il n’y avait quand même pas énormément d’argent à la maison, que mon père était assez malade - il était à la SNCF* et il ne pouvait plus travailler plus longtemps qu’à l’âge de 58 ans, c’était le maximum à l’époque - ou bien je passais cet examen et je le réussissais ou bien j’entrais dans la vie professionnelle.
Or j’ai réussi, bien d’ailleurs, parce que j’étais major de promotion*. J’ai intégré l’école technique de photo et cinéma qui s’appelle aujourd’hui Louis Lumière, qui est une très très bonne école où on apprend la technologie du cinéma. Et c’est grâce à cette filière, alors tout à fait classique et officielle, que j’ai pu pénétrer dans le cinéma et me retrouver quelques années plus tard à la tête d’une petite équipe en train de diriger mon premier film. J’ai été metteur en scène à 19 ans et demi.
   


En attendant... répondez:

1- Qu’apprenez-vous sur l’enfance de Jean-Jacques Annaud dans cet extrait ?
2- Quel a été l’évènement déclencheur de sa carrière de cinéaste ?
3- À quoi associait-il le cinéma, enfant ?
4- Quelle a été la réaction de son entourage face à sa décision de devenir cinéaste ?
5- Face à quelle(s) difficulté(s) s’est-il retrouvé ?
6- En quoi le système éducatif français a-t-il selon lui favorisé sa carrière de cinéaste ? 
7- « Ma seule espérance était d’être bon élève, car je n’avais pas de relations. J’en garde, au plan moral, une sorte de gratitude envers l’État français. » Que pensez-vous de cette déclaration de Jean-Jacques Annaud ? Existe-t-il dans votre pays des systèmes de bourse ou d’aide pour les étudiants d’origine modeste ? Expliquez.

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