samedi 7 décembre 2013

Le Louvre-Lens, au-delà des espérances





Le musée a accueilli en un an 900 000 visiteurs, et ses effets bénéfiques sur la ville et le bassin minier sont déjà perceptibles.



Un an après son ouverture, le Louvre-Lens a su gagner au-delà de ses espérances les faveurs des critiques et du public, mais les retombées touristiques et économiques sur ce territoire sinistré depuis la fermeture des mines sont encore modestes. Cet "ovni" de verre et d'aluminium poli bâti sur un ancien carreau de mine a accueilli 900 000 visiteurs depuis son inauguration par François Hollande le 4 décembre, jour de la fête des mineurs, la Sainte-Barbe, soit 200 000 de plus que les prévisions les plus optimistes. 
Parmi eux, 56 % sont originaires de la région Nord-Pas-de-Calais, dont plus de 100 000 du seul bassin minier, et 100 000 autres sont venus de la Belgique voisine, témoignant d'une "vraie appropriation par le public local et euro régional", se félicite le directeur du Louvre-Lens, Xavier Dectot. La gratuité de la Galerie du temps la première année, qui sera reconduite jusqu'à fin 2014, "a eu très probablement un impact", admet Xavier Dectot, qui vise désormais en "année de croisière 500 000 visiteurs par an".
Objet de près de 5 000 articles dans la presse, classé en début d'année par le New York Times 26e des 46 lieux à découvrir en 2013 et récemment distingué par le prix d'architecture de l'Équerre d'argent, le Louvre-Lens a attiré 20 % de visiteurs étrangers, de 70 nationalités.

Nouvelle clientèle

Première conséquence, le chiffre d'affaires des restaurateurs de l'agglomération lensoise a augmenté "de 20 à 25 % en moyenne en un an", souligne Bruno Rozik, président du club des commerçants "Shopping Lens". Lui-même a ouvert dès novembre 2012 un second restaurant à Lens, Les Jardins d'Arcadie, qui reçoit "un bus par jour", et "vit maintenant au rythme du Louvre", fermant le mardi comme le musée. Le restaurateur s'apprête à accueillir ses premiers bus de Japonais, signe que les "tours-opérateurs commencent à inclure Lens dans une destination de voyage". Dans le parc du musée, L'Atelier de Marc Meurin, chef étoilé, fait en moyenne 120 couverts et deux services chaque midi, après un pic d'environ 180 couverts l'été, et "refuse autant de monde", selon son directeur Ludovic Mouveau.
Si 54 % des professionnels de l'hôtellerie et de la restauration interrogés par la chambre de commerce et d'industrie (CCI) Artois "disent accueillir une nouvelle clientèle grâce au Louvre-Lens", seuls 26 % d'entre eux estiment que la fréquentation a augmenté en un an. "Il y a du travail à faire pour garder les étrangers plus longtemps, qui restent en moyenne 1,37 jour", admet Maryse Darcq, présidente de la commission tourisme à la CCI. "Nous n'en sommes pas encore à voir des flux de touristes se balader dans les rues de Lens", constate Bernard Masset, délégué général d'Euralens, association créée en 2009 pour gérer les retombées économiques et constituer "un ensemble urbain attractif au sud de la métropole lilloise", en lançant des "pôles d'excellence" regroupant étudiants, chercheurs et entreprises. Dans le bassin minier, où le taux de chômage dépasse les 16 %, "en termes concrets de créations d'emploi, il n'y a pas de miracle", lâche-t-il. Outre les quelque 200 emplois directs du musée, environ 200 emplois ont été créés dans la restauration et l'hôtellerie.

"Accrocher" les touristes

L'objectif du Louvre-Lens, qui a coûté 150 millions d'euros, est "de donner au territoire une tout autre trajectoire économique et faire en sorte qu'il ne soit plus champion de France du taux de chômage, en divisant ce taux par deux, voire plus. Mais c'est un processus long, qui peut prendre dix ou quinze ans", souligne Benoît Brocq, chargé du développement économique à la mission bassin minier. L'ouverture du musée Guggenheim en 1997 à Bilbao, au nord de l'Espagne, avait permis au final la création de 5 000 emplois et le quasi-doublement du nombre d'hôtels. 
Encore "imparfaite" avec environ 250 chambres entre Lens et Liévin, la capacité hôtelière devrait augmenter avec la réalisation de deux établissements de trois et quatre étoiles et leurs 130 embauches prévues, mais pas avant 2016-2017. 
Il faut "rapidement" rendre Lens, ville de 36 000 habitants meurtrie par les guerres et la désindustrialisation, "plus attractive" pour "accrocher les personnes et qu'elles restent", prévient Dominique Dupilet, président du conseil général du Pas-de-Calais. "Lens ne s'éveille au tourisme que depuis un an. Aujourd'hui, on est essentiellement sur de l'excursionnisme", reconnaît Marlène Virey, chargée de promotion à l'office de tourisme Lens-Liévin, qui a reçu en moyenne "35 groupes par mois" depuis l'ouverture du musée contre "35 groupes à l'année" auparavant. L'organisme table sur le classement du bassin minier à l'Unesco, mais aussi sur les commémorations du centenaire de la guerre de 14-18 et les matchs de l'Euro de football 2016 au stade Bollaert pour doper les visites, notamment de Britanniques. 



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