mercredi 1 mai 2013

"Harlem Shake" : la nouvelle danse de la planète Internet

Des milliers de personnes se trémoussent en vidéo sur cette musique électro. Un phénomène qui a explosé en à peine quelques jours.


Une sorte de carnaval planétaire, qui rassemble des milliers de fêtards. Voilà comment on peut essayer de définir la déferlante "Harlem Shake" qui électrise la Toile. Tout a commencé le 2 février, lorsqu'une vidéo est mise en ligne sur YouTube, la plateforme de vidéos de Google. Un blogueur y parodie le Harlem Shake, une danse qui se pratique d'ordinaire dans la musique hip-hop. Mais il utilise une chanson électro de 2012, composée par le jeune DJ américain Baauer, et dont le titre est aussi "Harlem Shake".
Dans la même journée, une deuxième vidéo publiée cette fois par une bande d'amis australiens reprend le concept : pendant les premières notes, un individu masqué se "secoue" le corps, avant que tout le monde ne participe à la fête quelques secondes plus tard, lorsque la musique explose. Les bases sont jetées. Résultat : des millions de vues et 12 000 versions différentes mises en ligne en deux semaines, selon YouTube.

Un phénomène 100 % Web

Un véritable succès, né... de l'ennui ! "Il pleuvait, on n'avait rien de mieux à faire. C'était juste un truc entre potes", se souvient Matt Stanyon, un des "Harlem Shakers", à la télévision australienne. Beaucoup voient dans la virilité foudroyante de leur vidéo la relève du Gangnam Style, cette danse du cheval qui commençait à tourner en rond à force de faire le tour du monde.
Mais le Harlem Shake est avant tout un phénomène issu des entrailles d'Internet. Il n'est pas né dans la tête d'une quelconque major de l'industrie musicale : c'est un mème. Un mème ? Le mot désigne la réplication sur le mode génétique d'un élément culturel. Sur Internet, il prend la forme d'un objet qui se réplique à l'infini et n'a d'autre fin que lui-même, comme les vidéos de chats. Les raisons du succès ? Un format court - une trentaine de secondes - qui se regarde et se partage facilement, tout en nécessitant peu de moyens - une webcam ou un téléphone pour filmer un plan fixe. Sans oublier bien sûr le refrain, qu'on qualifiera... d'entêtant.
Le DJ est d'ailleurs ravi de voir son oeuvre devenir un hit : "Le phénomène viral était totalement hors de mon contrôle. Je vois ça de manière positive, beaucoup de nouveaux auditeurs écoutent aujourd'hui ma musique", constate Baauer. Depuis une semaine, le Harlem Shake occupe même la première place du classement Billboard aux États-Unis.

Rabat-joie

Sur le Net, tout le monde se trémousse. Des étudiants, beaucoup, mais aussi des militaires, des seniors, des enfants ou même des employés sur leur lieu de travail. Impressionnante est aussi la capacité de plusieurs agences de communication et des grandes marques, comme Pepsi, à surfer sur le phénomène pour faire des vagues à peu de frais. Exit l'esprit amateur, place aux professionnels et aux réalisations calculées.
Dans un autre genre, cette danse du corps délicieusement grotesque n'est pas sans générer des frictions. En Tunisie par exemple, des lycéens et des étudiants se sont vu interdire l'organisation d'un tel événement par des directions d'université et des islamistes radicaux outrés de voir des torses, parfois dénudés, se dandiner. De quoi gâcher cette communion festive qui dépasse les frontières et qui rappelle que la liberté passe aussi par le droit de se trémousser, même de façon ridicule.
Le Point.fr - Publié le 27/02/2013


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire