mercredi 3 avril 2013

Le Féminisme français et les femmes françaises


L'histoire du féminisme commence lors de la période pré révolutionnaire de la fin du XVIIIème siècle sous l'influence notamment des philosophes des Lumières.
L'affirmation des droits naturels a suscité des revendications de femmes éclairées telles qu'Olympe De Gouges Celle-ci proposa "la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne".
Durant les évènements révolutionnaires, des femmes de toutes conditions, participent activement aux mouvements révolutionnaires. Le tableau de Delacroix et sa Marianne illustre la femme révolutionnaire représentation allégorique de la nation.
Bien que profitant de cette première expression politique féminine peu d'hommes, au final, soutinrent les femmes dans leurs revendications. Condorcet fût une exception remarquable. Les formes de représentations politiques de femmes (groupements....) furent rapidement interdits. Les femmes n'eurent pas accès au droit de vote et à l'égalité en droit, elles furent pour autant victimes, comme n'importe quel citoyen, de la répression et de la Terreur. Ainsi, Olympe de Gouges fut guillotinée.
C'est surtout à partir du XIXème siècle que les femmes engagent une démarche politique avec la volonté, notamment, d'aller vers l'égalité républicaine au travers de l'accès aux institutions (et particulièrement au moyen de revendications en matière de droit de vote et de suffrage réellement universel). L'accès à l'éducation et à des conditions sociales décentes pour les femmes veuves furent leur levier politique.
Les femmes s'organisent sous forme de clubs, d'associations de bienfaisance...
L'Empire, la Restauration et leur cortège de retour aux archaïsmes éteignirent les revendications politiques féminines. Même si la figure de la femme se battant pour la nation reste un symbole fort (les lavandières et cantinières sur les champs de bataille napoléoniens illustrent cette conception de la femme mère de la nation).
La Révolution de 1830 permit aux femmes de revenir à un féminisme militant. Ce sont surtout les milieux socialistes qui permirent un retour des aspirations des femmes à plus d'égalité. Proudhon et Saint Simon furent porteurs de ce renouveau. Les femmes profitèrent de la levée de la censure sur la presse pour s'exprimer largement (La femme libre, la Tribune des femmes, le conseiller des femmes...furent les premières publications féminines).
Elles rejoignent les aspirations socialistes de défense des travailleurs et des ouvriers et se mobilisent pour des droits spécifiques à leur situation comme le retour à la légalisation du divorce ou à l'indépendance juridique et financière.
Au risque de paraître "immorales" certaines contestent ouvertement l'institution du mariage et en appellent à "l'amour libre".
Les femmes participeront activement aux journées révolutionnaire de 1848. Elles utilisent la voie de la presse pour s'exprimer. Elles finissent par bénéficier de nouveaux droits notamment dans le travail au même titre que les hommes, des idées comme les crèches et les restaurants collectifs commencent, sous leur impulsion, à voir le jour.
Elles continuent, en vain à revendiquer le droit de vote.
Le club des femmes très actif, est largement caricaturé par les puritains. Les femmes actives politiquement sont aussi la risée des femmes conservatrices qui les accusent de porter atteintes aux bonnes mœurs et à l'équilibre des familles. L'Église catholique ne sera pas en reste. Le club des femmes est alors interdit.
Le second empire permettra quelques avancées notamment en matière de droit à l'éducation des petites filles. Cependant, la qualité de l'enseignement reste très attaché aux valeurs dites féminines. Ce sont les congrégations et l'Eglise qui prendront en charge cette éducation.
Ce sont encore les saint simoniens qui soutiendront le droit à l'éducation des femmes dans les mêmes conditions que pour les hommes. La première bachelière est diplômée à l'âge de 37 ans après une véritable bataille aux fins de pouvoir s'inscrire à l'épreuve.
Madeleine Bres sera la première femme inscrite à la faculté de médecine en 1863. L'accès à l'éducation sera un combat de tous les instants pour les féministes. Elles pourront également accéder à l'enseignement en 1880 et embrasseront largement les carrières d'enseignant.
La III eme République permettra aux femmes de se structurer. Généralement issues de milieux bourgeois, protestant et socialistes, ayant fait leurs armes dans les milieux de la philanthropie et de l'aide sociale, les femmes se battent pour le droit de vote avec ténacité.
En Angleterre et en Allemagne, de la même manière les femmes s'organisent politiquement aidées par certains hommes éclairés. Contrairement aux suffragistes anglaises plus radicales, les françaises vont plutôt tenter de trouver des alliés dans les milieux politiques radicaux masculins.
La première guerre mondiale assiéra définitivement les femmes dans l'économie, ce sont elles qui firent tourner l'économie durant la période de guerre. La fin de la première guerre mondiale ne vit pas pour autant, en France, la reconnaissance des efforts portés par les femmes durant la guerre. Le retour des hommes du front les enfermèrent, au contraire, dans un féminisme maternaliste et social à défaut d'être égalitaire et socialiste. La saignée démographique les cantonnent dans des logiques reproductives et de " bonnes mères " pour le bien de la nation.
L'après deuxième guerre mondiale, et le traumatisme subi par les nations européennes ramenèrent le combat politique des femmes sur le devant de la scène. Elles obtiennent enfin après plus de deux siècles de lutte le droit de vote. Simone de Beauvoir et son " deuxième sexe " (1949) placent les revendications féministes sur le devant de la scène. La femme n'est pas qu'un ventre. Elles préconisent de renverser le système patriarcal pour en venir à un système égalitaire entre les deux genres.
La maîtrise de leur corps est placée au centre des préoccupations des féministes de la deuxième vague. Longtemps sujet de division, le contrôle des naissances devient l’une de ses revendications les plus visibles. La contraception et le droit à l'avortement vont devenir les pierres angulaires d leurs revendications.
Les plannings familiaux voient le jour et le viol est qualifié de crime dans le code pénal. Aujourd'hui les femmes ont obtenu, en Europe, des droits équivalents à ceux des hommes.
La parité et la représentativité dans les instances décisionnelles furent les dernières grandes batailles en droit. Restent les faits et les inégalités constantes de la condition féminine au regard des hommes (représentation des femmes en fait inférieures à celle des hommes, différences de salaires, conditions de travail difficiles....).
Leurs combats restent fragiles. Les milieux religieux intégristes quelle que soit la religion restent des ennemis de la condition féminine. Quant aux milieux économiques et politiques, ils restent très marqués par un patriarcat latin. Le combat des femmes pour l'égalité réelle est encore en marche.
Celles-ci composent juste plus de 50% de l'humanité.
D’après  Histoires de la Francophonie N° 13


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