Vincent Peillon a annoncé une "stratégie
globale" pour l'éducation numérique, avec le raccordement des zones
rurales au très haut débit, l'équipement des établissements, la formation des
profs aux usages, la production de ressources pédagogiques et des services pour
élèves, parents et profs.
"La stratégie que nous présentons est une
stratégie globale", a déclaré le ministre de l'Education devant des
acteurs du numérique et l'éducation réunis à la Gaîté lyrique à Paris.
"Elle va appréhender le numérique dans toutes ses dimensions, de
l'équipement, du raccordement à la maintenance, aux contenus, à la formation
des acteurs".
La France a déjà lancé une quinzaine de plans.
"Le problème est que nous n'avons jamais abordé (...) la formation des
enseignants aux usages du numérique", pas plus que "l'offre de
contenus pédagogiques de qualité", ce qui "explique notre
retard", a-t-il analysé. La France est 24e sur 27 pour l'utilisation du
numérique dans l'éducation, selon l'étude Pisa de l'OCDE.
Il s'agit d'utiliser les écrans "pour progresser
dans les apprentissages", avait-il souligné sur France Inter.
Le numérique "doit permettre de réduire les
fractures territoriales et les fractures sociales", a-t-il indiqué.
"La plupart des métiers de demain nécessiteront
des compétences numériques", a relevé Fleur Pellerin, ministre déléguée à
l'Economie numérique.
Des services numériques pour élèves, parents et
professeurs, seront mis en place entre 2013 et 2017: contenus pour apprendre
l'anglais en primaire, sujets d'examens et corrections en ligne, démarches
administratives dématérialisées, "campus numérique" et réseau social
pour les enseignants, site web avec infos sur la vie scolaire dans les
écoles...
"Il y a un décalage croissant entre la place du
numérique dans la vie des jeunes et dans l'éducation", souligne François
Bonneau, vice-président de l'Association des régions de France (ARF).
Freins
Le projet de loi sur l'école prévoit un Service public
de l'enseignement numérique et de l'enseignement à distance et l'encouragement
d'une "filière d'édition numérique pédagogique française".
"Une partie non négligeable du projet de loi
concerne le numérique, ce n'est pas deux paragraphes", se réjouit
Stéphanie de Vanssay, spécialiste des nouvelles technologies au syndicat
enseignant SE-Unsa.
"Avancée énorme", le numérique n'est plus
mentionné sous l'angle des risques induits. "Il y a aussi une
clarification sur la maintenance du matériel", confiée aux collectivités
locales.
En revanche, pas un mot sur l'interdiction en vigueur
des téléphones portables dans les écoles et les collèges, ni sur les filtrages.
"Qu'il y ait quelques filtres anti-pornographie, bien sûr", mais
aujourd'hui les élèves n'ont pas accès à grand-chose, or "internet, par
nature, échappe au contrôle. Si on veut que nos élèves soient des citoyens à
même d'utiliser internet, il faut bien les y éduquer".
Principaux freins: les peurs des parents, des profs et
de la hiérarchie, estime-t-elle. "Les enseignants utilisent beaucoup
internet pour préparer leurs cours", mais peu en classe.
Le numérique "ouvre des champs de possibles
extraordinaires", relève Eric Fourcaud, chef du projet de Ludovia,
université d'été sur la e-éducation. Toutefois, "aucune étude ne montre
qu'avec le numérique on obtient de meilleurs résultats".
Nul besoin d'équiper tous les élèves avec le même
matériel, coûteux et vite obsolète, estime Mme de Vanssay. "Si dans une
classe on pouvait avoir, un ordinateur, une tablette, un smartphone, un netbook
connectés à internet, même pour 30 élèves, c'est déjà super".
Lepoint.fr du 13/12/2012
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