L'affaire Dreyfus est une
grave affaire politique, militaire et religieuse qui divise profondément la
France entre 1894 et 1906. Le capitaine Alfred Dreyfus, de confession juive,
était officier de l'État-Major de l'armée de terre. En décembre 1894, après un
procès, où le dossier d'accusation contenait des pièces falsifiées, Dreyfus,
est condamné, par un conseil de guerre, pour espionnage au profit de
l'Allemagne et envoyé au bagne en Guyane. Dreyfus s'est toujours déclaré
innocent ; aussi sa famille, soutenue par des hommes politiques et par des
journalistes, dévoile les anomalies du procès et demande sa réouverture.
L'armée refusant de se déjuger refuse. En janvier 1898, par son manifeste J'accuse,
l'écrivain Émile Zola porte l'affaire Dreyfus devant l'opinion
publique.
La France se divise alors en deux camps qui s'affrontent violemment.
En 1899, un nouveau procès tout en déclarant Dreyfus coupable, atténue sa
peine. Dreyfus bénéficie alors de la grâce du président de la
République. En 1906, un nouveau procès devant la cour de cassation reconnait
l'innocence de Dreyfus et décide sa réintégration dans l'armée. L'affaire
Dreyfus a eu d'énormes conséquences sur la vie politique de la France.
Le 15 octobre 1894, le capitaine
Alfred Dreyfus, affecté à l'État-Major de l'armée de terre, est arrêté sur
ordre du ministre de la Guerre. Il est soupçonné d'avoir communiqué des secrets
militaires par une lettre adressée à l'ambassade d'Allemagne à Paris.
L'accusation est basée sur la ressemblance de l'écriture entre l'auteur de la
lettre et celle de Dreyfus. Dreyfus est passible du conseil de guerre.
L'instruction du dossier est faite par un officier le général Paty de Clam.
Pendant toute l'instruction, comme pendant son procès, Alfred Dreyfus clame son
innocence.
En décembre 1894, pendant le
procès un dossier secret établi par le commandant Henry est fourni au conseil
de guerre. Il contient des « preuves » de la trahison de Dreyfus.
L'accusé n'a pas accès au contenu du dossier. Après un procès à huis clos, le
22 décembre 1894, le conseil de guerre (uniquement composé de militaires)
déclare Dreyfus coupable d'espionnage et d'avoir fourni des renseignements
militaires à l'Allemagne, qui est alors considérée comme notre ennemie
puisqu'elle est la pièce essentielle de la Triple Alliance dirigée
contre la France. Dreyfus est condamné à la dégradation militaire et à la
déportation perpétuelle au bagne de l'île du Diable (Guyane) où il
est transféré au début de 1895.
En mars 1896, le colonel
Picquart, membre du 2e bureau (les services de renseignements), découvre
que la lettre de l'espion a été en fait écrite par un autre officier le
commandant Esterhazy (qui était en relation avec les services allemands).
Picquart prévient son supérieur le général Gonse, qui refuse d'en tenir compte
afin de ne pas avoir à rouvrir une affaire qui montrerait que l'armée s'est
trompée. Cependant Picquart parle ... mais est muté en Afrique du Nord pour
l'éloigner de la presse parisienne.
Mis en cause par la famille de
Dreyfus soutenue par Scheurer-Kestner, vice-président du Sénat et par le député
Joseph Reinach, Esterhazy est convoqué, a sa demande, devant un conseil de
guerre qui, à l'unanimité, l'innocente en janvier 1898.
Les données de l'Affaire sont
portées à la connaissance du public par la presse, en particulier par le
quotidien parisien Le Figaro. Cependant la presse antisémite se
déchaine contre Dreyfus qui est de confession juive. L'opinion publique se
coupe en deux parties. D'un côté les Dreyfusards qui réclament la justice
pour Dreyfus et la vérité sur le comportement délictueux de l'État-major de
l'armée. Celui-ci est accusé de couvrir les véritables coupables et les erreurs
des conseils de guerre, alors que les officiers généraux (comme le général
Gonse, le général Billot et le général De Gallifet), savent que Dreyfus est
innocent. Dans ce camp se trouvent les républicains, la gauche radicale et la
gauche socialiste, de nombreux intellectuels antimilitaristes voire pacifistes,
les francs-maçons. C'est à ce moment qu'est fondé la ligue des droits
de l'homme. De l'autre côté se trouvent les Anti-Dreyfusards qui ne
veulent pas remettre en cause les décisions de la justice militaire et qui
« défendent » l'honneur de l'armée et l'intérêt de la France. Là se
regroupent les nostalgiques de la royauté, les catholiques intransigeants, la
Ligue des Patriotes, les antisémites dont le journal ‘‘La Croix. L'agitation
est importante : les débats sont très animés au Parlement, on s'injurie
dans la presse, on se provoque en duels, il y a des batailles de rues, on se
brouille dans les familles
Le 13 janvier 1898, en première
page du quotidien parisien L'Aurore, dirigé par Georges Clemenceau,
paraît le manifeste « J'accuse », lettre ouverte au président de la
République, dans lequel l'écrivain Émile Zola attaque l'État-major
qui avait fait condamner un innocent (Dreyfus) et acquitté un coupable
(Esterhazy) et demande la réouverture du procès.
Poursuivi pour diffamation,
Zola est traduit devant une cour d'assises qui le 23 février 1898, le
condamne à la peine maximum (soit un an de prison ferme), à 3000 francs
d'amende (somme considérable à l'époque) et exclu de l'ordre de la Légion
d'honneur.
En août 1898, le
lieutenant-colonel Henry reconnait avoir falsifié une partie du dossier secret
transmis au premier conseil de guerre qui avait condamné Dreyfus. Henry se
suicide le 30 août ... De nombreux chefs de l'armée française mis en cause
doivent démissionner. L'agitation est à son comble : au cours d'une visite
à Auteuil, Émile Loubet, le président de la République, est agressé à coup
de canne. Le gouvernement Waldeck-Rousseau, de Défense républicaine,
décide la révision du procès Dreyfus et traduit les chefs nationalistes devant
la Haute-Cour.
Le 9 septembre 1899, le conseil
de guerre siégeant à Rennes loin de l'agitation parisienne reconnait
Dreyfus coupable mais avec des circonstances atténuantes et le
condamne à dix années de réclusion. Le président de la République gracie Dreyfus
dont la peine de réclusion est remise. Alfred Dreyfus retrouve alors la
liberté, mais il est toujours reconnu coupable de trahison.
En 1904, on met à jour de
nouvelles preuves innocentant Dreyfus. Celui-ci demande la révision du procès
de 1899.
Le procès est rouvert devant la cour
de cassation qui casse le jugement de Rennes, et sans renvoyer le procès
devant une autre cour, décide elle-même que Dreyfus est innocent. Le 13 juillet
1906, le capitaine Dreyfus est réhabilité et réintégré dans l'armée avec le
grade de commandant. Il reçoit la Légion d'honneur.
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