jeudi 23 février 2012

Tu seras un homme, mon fils




Le célèbre poème “If-” de Rudyard Kipling (1910) traduit de l'anglais par André Maurois (1918). 


Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie 
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
 
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
 
Sans un geste et sans un soupir ;
 

Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
 
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
 
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
 
Pourtant lutter et te défendre ;
 

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
 
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
 
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
 
Sans mentir toi-même d’un mot ;
 

Si tu peux rester digne en étant populaire,
 
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
 
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
 
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;
 

Si tu sais méditer, observer et connaître,
 
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
 
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
 
Penser sans n’être qu’un penseur ;
 

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
 
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
 
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
 
Sans être moral ni pédant ;
 

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
 
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
 
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
 
Quand tous les autres les perdront,
 

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
 
Seront à tous jamais tes esclaves soumis,
 
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
 
Tu seras un homme, mon fils.

1 commentaire:

  1. Un très beau poème!! C'est vrai...Il faut avoir beaucoup de choses et se comporter d'une manière difficile, pour se définir un HOMME!

    RépondreSupprimer