vendredi 25 novembre 2011

Melancholia



Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?
Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules ;
Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d'une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer.
Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils semblent dire à Dieu : « Petits comme nous sommes,
Notre père, voyez ce que nous font les hommes ! »
O servitude infâme imposée à l'enfant !
Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant
Défait ce qu'a fait Dieu ; qui tue, œuvre insensée,
La beauté sur les fronts, dans les cœurs la pensée,
Et qui ferait - c'est là son fruit le plus certain ! -
D'Apollon un bossu, de Voltaire un crétin !
Travail mauvais qui prend l'âge tendre en sa serre,
Qui produit la richesse en créant la misère,
Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un outil !
Progrès dont on demande : « Où va-t-il ? que veut-il ? »
Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme,
Une âme à la machine et la retire à l'homme !
Que ce travail, haï des mères, soit maudit !
Maudit comme le vice où l'on s'abâtardit,
Maudit comme l'opprobre et comme le blasphème !
O Dieu ! qu'il soit maudit au nom du travail même,
Au nom du vrai travail, sain, fécond, généreux,
Qui fait le peuple libre et qui rend l'homme heureux !

    Victor Hugo, Les Contemplations, Livre III- 1856

Quels sont les différents travaux enfantins qui sont décrits dans ce poème ?
Comment  V. Hugo  voit-il la condition des enfants travailleurs ? Relevez  les vers qui ont le plus marqué votre  attention.




Comme Hector Malot, Eugène Sue ou Alphonse Daudet, Victor Hugo s’est beaucoup préoccupé, dans ses romans qui se fondent souvent sur des faits-divers relatés dans la presse, des enfants malheureux et de leur exploitation par des ravisseurs ou des nourrices sans scrupules. Mais Cosette, contrairement à Gavroche ou à L’Homme qui rit, n’est pas qu’une description littéraire. Elle a, depuis plus d’un siècle, les traits du personnage dessiné par Émile-Antoine Bayard, artiste qui illustra de nombreuses publications de Louis Hachette, notamment celles de la Bibliothèque rose. La gravure est, en effet, continuellement reproduite, à l’identique ou détourée comme sur l’affiche réalisée pour la mise en scène théâtrale des Misérables — par Robert Hossein — où le buste de Cosette est imprimé sur fond de drapeau tricolore.

Parmi tant d’images de Cosette, celle d’E-A. Bayard (ci-dessus )s’est imposée au point de devenir un logo qui exprime toute la misère juvénile.

Observez attentivement l’image  et dites pourquoi. 


LES ENFANTS  ONT DES DROITS... 




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20 novembre 2011 : Les droits de l'enfant 22 ans après

Le 20 novembre  on a fêté  les 22 ans de la convention internationale des droits de l’enfant. 22 ans et beaucoup reste à régler.
Adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies le 20 novembre 1989, la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) est le traité international le plus ratifié au monde. A l’exception notable des Etats-Unis et de la Somalie, tous les pays ont reconnu alors l’impératif d’apporter des soins et une attention particulière aux enfants en raison de leur vulnérabilité considérant que «l’humanité se doit de donner à l’enfant le meilleur d’elle-même ».  Vingt deux ans après, où en est-on ?
Santé, des progrès mais peu mieux faire
Les progrès les plus significatifs depuis 1989 ont été réalisés dans le domaine de la santé. Pour autant, ils restent relatifs : en 2009, 9 200 000 enfants (au lieu de 14 millions en 1989) mouraient encore avant leurs 15 ans. Si nombre de maladies virales comme la rougeole, le tétanos ou bien encore la polio ont pratiquement été éradiquées, puisque le taux de mortalité des enfants pour ces épidémies a baissé de presque 90 % en vingt ans, il n’en est pas de même pour le SIDA. 2 millions d’enfants de par le monde l’on contracté et 35 % d’entre eux en meurent avant leurs 10 ans. Près de 90% de ces enfants vivent en Afrique subsaharienne où les médicaments, pourtant de plus en plus efficaces, tardent à arriver.
Malnutrition et accès à l’eau potable : une situation dramatique
Le bilan, quoique meilleur qu’il y a vingt deux ans, reste dramatique : 4 millions d’enfants meurent avant 5 ans parce qu’ils sont mal nourris. Dans les pays en voie de développement, plus d'un milliard d'habitants n'ont pas accès à l'eau salubre et près de 3 milliards de personnes (plus de la moitié de l'humanité) ne sont pas équipées de systèmes d'assainissement. Près de 3 millions d'enfants meurent chaque année de maladies dues au manque d'hygiène et douze millions d’entre eux meurent victimes de pneumonie, de diarrhée et autres maladies évitables. Pourtant de simples mesures d'hygiène, d’accès à l’eau potable, d’alimentation suffisante ou d’allaitement maternel pourraient sauver de nombreuses vies.
Les enfants au travail 
Aujourd’hui, plus de 200 millions d’enfants travaillent dans le monde, exerçant des activités qui nuisent à leur développement mental, physique et émotionnel. Les enfants sont contraints de travailler parce que leur survie et celle de leur famille en dépendent. Le travail des enfants perdure, même là où il a été déclaré illégal, et il est souvent entouré d’un mur de silence, d’apathie et d’indifférence.
Les enfants soldats
250 000 enfants dans 20 pays de la planète, dont certains n'ont pas plus de 8 ans, participent directement aux conflits. Ils sont soldats, démineurs, espions, porteurs, esclaves sexuels... Certains autres ont appris à tuer et à torturer. Si leur nombre global reste stable, les pays ayant recours aux services de ces gamins sont eux de plus en plus nombreux.  Au moins deux millions d’enfants sont morts ces 10 dernières années à la suite de guerres déclenchées par des adultes. Des progrès sont cependant enregistrés grâce à une plus grande visibilité de la cause des enfants impliqués dans des conflits armés. L’adoption de normes plus strictes pour les protéger et améliorer l’assistance humanitaire constitue également des avancées.
L’exploitation sexuelle des enfants
Pour le bon plaisir d'adultes sans scrupules plusieurs millions d'enfants et d'adolescents sont prostitués ou exploités sexuellement à travers le monde. Malgré une prise de conscience certaine, ce phénomène se développe et de nouveaux réseaux se créent notamment sur Internet. C'est avant tout un drame de pauvres. Même si l'on rencontre sur tous les continents des pédophiles, la très grande majorité des enfants prostitués et exploités sexuellement se trouvent dans les pays du tiers monde ou dans les catégories sociales très défavorisées des pays riches. La majorité de ces jeunes a entre 12 et 18 ans, mais certains ont à peine 8 ans et même des bébés sont parfois impliqués. Là aussi, de réels progrès ont été réalisés grâce notamment à un renforcement de l’arsenal répressif et des campagnes d’information en direction des enfants.
L’Education,  un levier majeur
Entre tous, l’éducation joue un rôle crucial. Car, même au milieu du chaos, elle peut restaurer un certain degré de stabilité et de normalité pour les enfants. Une amélioration sensible a été opérée depuis 20 ans et le nombre d’enfants non scolarisés est passé de 115 millions à 93 millions. L’écart entre le nombre de filles scolarisées et les garçons s’est considérablement réduit. Une amélioration qu’il faut cependant relativiser par le taux d’achèvement des études qui reste très insuffisant. L’éducation offre une occasion unique de transmettre aux enfants des messages de survie sur des questions aussi vitales que la prévention du sida et la sensibilisation aux dangers qui les menacent. L’éducation peut aussi permettre de semer la paix et la justice partout dans le monde.
CIDE : 22 ans de progrès et d’illusions
La Convention Internationale des Droits de l'Enfant de 1989 a soulevé de grands espoirs et des promesses ont été faites aux enfants du monde. Ce texte a été un symbole, en mentionnant expressément que chaque être humain peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés inscrites dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. L’enfant n’était plus un adulte en devenir, il était bel et bien un être humain, sujet de droits et de devoirs. 20 ans après, il reste beaucoup à faire pour que les droits des enfants deviennent une réalité. Promouvoir et défendre les droits des enfants, c'est tout d'abord créer les conditions sociales, économiques et culturelles afin que tous puissent y accéder. C'est à ce prix que les droits de l'enfant seront véritablement respectés. Il faudra donc encore beaucoup de volonté politique et d’acharnement individuel et associatif pour que les dirigeants de la planète débloquent enfin les moyens pour y parvenir.
La situation en France
Si la France est un des pays au monde qui respecte le mieux la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (le Canada et la Suède font figure de meilleurs « élèves »), il existe toutefois de graves problèmes :  la pauvreté qui touche 2 millions d’enfants avec ses conséquences désastreuses sur la scolarité, l’accès à la santé et au logement ; la discrimination qui pénalise les jeunes des banlieues issus de l’immigration ou d’Outre-mer ; la situation des mineurs étrangers isolés qui sont retenus dans les zones d’attente des aéroports ou qui errent dans les rues sans bénéficier d’assistance ; le recours excessif aux mesures répressives, par défaut de structures alternatives à l’incarcération des mineurs, renforcé par l’approche des élections présidentielles ; le fichage des enfants dans le fichier "Base élève" de l'Education nationale ; la situation des enfants Roms et des gens du voyage ; la suppression du défenseur des enfants en tant qu’autorité indépendante aujourd’hui noyé dans l’ensemble hétéroclite du "Défenseur des droits" ; l’évaluation des enfants dès la maternelle ; la difficulté d’intégration scolaire des élèves handicapés, le suicide des enfants et des jeunes ; la discrimination dans les cantines scolaires, etc…
Perception de la convention en France
Selon un sondage UNICEF/SOFRES effectué en novembre 2010, auprès des jeunes de 13 à 18 ans, à peine un sur quatre, soit 24 %, avait déjà entendu parler de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE).. Ainsi, on parle de moins en moins de droits de l’enfant, sauf quand l’actualité les ramène sur le devant de la scène (pédophilie, maltraitance…). On parle de moins en moins de droits de l’enfant mais beaucoup du droit à l’enfant. On constate une nouvelle tentative de lier droits des enfants et devoirs des enfants avec l’idée que « l’enfant aura des droits lorsqu’il respectera ses devoirs ». Pourtant la convention internationale des droits de l’enfant a reconnu l’enfant comme une personne qui n’appartient à personne et que la société doit protéger. Comment un enfant peut-il respecter une règle, une loi venant d’un groupe, d’un Etat qui ne le respecte pas voire qu’il le dénie totalement ? C’est pourquoi, il est nécessaire de mieux promouvoir les droits de l’enfant et la Convention Internationale auprès des enfants eux-mêmes. Ce n’est pas une question mineure, car garantir à l’enfant le droit à la santé, à un nom, à une nationalité, à l’éducation, aux loisirs, à la culture, passe par le fait  que ces droits soient aussi accordés à leurs parents. On le voit bien, du sort que l’on réserve aujourd’hui aux enfants dépend l’avenir de la société toute entière.
Quelques chiffres :
 30% des personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté  sont des enfants (soit 2 millions d’enfants) 
 980 000 enfants vivent dans des familles percevant les minima sociaux 
 140 000 adolescents sortent de l'école sans diplôme ni formation 
 350 000 enfants vivent dans des conditions de logement indécentes ou sont en errance 
 30 000 enfants vivent dans la rue 
 150 000 enfants sont séparés de leur famille,  majoritairement dans les milieux défavorisés 
 7 000 mineurs étrangers vivent isolés sans aucun soutien 
 1 enfant sur 20 est victime de violences physiques 
 1 enfant sur 10 est victime de violences psychiques 
 1 enfant sur dix est victime de harcèlement à l’école 
 Le suicide des jeunes est la deuxième cause de mortalité après les accidents de voiture 
 Un enfant sur trois ne part jamais en vacances 

(l’article Les droits de l'enfant 22 ans après a été  diffusé sur le site de Jean-Charles Champagnat  www.droitsenfant.com )

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