lundi 7 novembre 2011

La France est-elle homophobe?


Quelle est la situation des homosexuels en France en 2011? 

Mariage
En France, le mariage entre deux personnes du même sexe est illégal. Seul le Pacs, mis en place en 1999, permet à deux hommes ou deux femmes de s'unir.  
Le combat de Corinne Cestino et Sophie Hasslauer est emblématique de celui des gays. Le 28 janvier 2011, les deux femmes - qui avaient saisi le Conseil constitutionnel d'une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) dans l'espoir de rendre légale une union entre deux personnes du même sexe - se sont vues refuser le droit de se marier. Le couple souhaitait, par cette alliance, protéger ses enfants en cas de séparation ou de décès de l'une d'elles.  
Le combat anime aussi les bancs de l'Assemblée nationale. Le 9 juin, le PS a présenté aux députés une nouvelle proposition de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe. Une semaine plus tard, le texte était rejeté par 293 contre et 222 voix pour - dont des députés UMP. A l'issue du débat, le Parti socialiste s'est promis d'inscrire ce projet au sein de son programme pour la présidentielle de 2012. 
Procréation médicale assistée
Les "bébés Thalys" - en référence aux trains qui vont de France en Belgique et en Hollande, où la procréation médicale assistée est autorisée aux homosexuelles - ont encore de beaux jours devant eux. L'amendement PS/Les Verts, qui proposait l'ouverture de la procréation assistée aux femmes homosexuelles, a été rejeté par les députés le 11 mai dernier.  
Le Sénat avait pourtant, le 8 avril, validé, contre l'avis du ministre de la Santé, Xavier Bertrand, cet amendement en faveur des lesbiennes. Les associations de défense des homosexuels s'étaient réjouies à demi-mot de cette victoire, anticipant la décision à venir de l'Assemblée nationale.  
Don du sang
Les homosexuels ne peuvent pas donner leur sang. Une explication fournie par Nora Berra, secrétaire d'Etat chargée de la Santé, avait provoqué un tollé: "La loi ne discrimine personne mais prend en compte les données épidémiologiques, selon lesquelles par exemple l'homosexualité est un facteur de risque pour le VIH, donc une contre-indication de don."  
La "vérification" de la sexualité d'un donneur ne tient pourtant qu'à un questionnaire facilement falsifiable.  Par ailleurs, pourquoi mettre à l'écart les homosexuels lorsqu'on sait que le sang des donneurs est analysé à chaque prise et que s'il est contaminé, son offre de sang est rejetée?  
Agressions homophobes
Les agressions homophobes en France - insultes, menaces, violences physiques, rejets, harcèlements... - ont augmenté de 18% entre 2009 et 2010. Dans un rapport publié en mai  , SOS homophobie fait état de 1483 témoignages d'agression à caractère homophobe (contre 1259 en 2009).  55% de ces attaques seraient, selon l'association, des insultes. Parmi lesquelles, 21% auraient lieu sur Internet, où les offenseurs peuvent rester anonymes sans craindre d'être visés par une plainte.  
Par ailleurs, l'homosexualité a acquis une plus grande visibilité médiatique et politique qui fait craindre à l'association que cette transparence "exacerbe les réactions des agresseurs". Les militants tentent de dépasser ce cercle vicieux en poursuivant leur actions vers l'égalité des sexualités.  
Transsexualité
La transsexualité n'est plus reconnue comme une maladie mentale dans le droit français depuis le 12 février 2010.  
L'Inter LGBT  , association organisatrice de la marche des fiertés depuis 2001, réclame que les transsexuels puissent obtenir un état-civil "conforme à leur genre vécu sans leur imposer de chirurgie de réassignation sexuelle [...] ni de stérilisation implicite ou explicite". Car selon le droit français, une personne peut changer de genre sur ses papiers d'identité... à condition d'avoir subi une opération des parties génitales, doublée d'une stérilisation. Deux exigences rejetées par la moitié des transsexuels.  
L'homosexualité au travail
L'homophobie n'échappe pas non plus au monde du travail. Pis, se déclarer ouvertement homosexuel sur son lieu de travail - environnement parfois propice aux confessions que l'ont peut par la suite regretter - peut porter préjudice.  
Pour contrer ces injustices, des homosexuels se sont réunis au sein de grandes entreprises pour former des associations. David Simoes, trésorier d'Homossfère   (Groupe SFR) évoque le cas d'un collègue devenu femme: "En pleine 'transition', ses supérieurs lui reprochaient la qualité de son travail, non pas parce qu'il était moins bien effectué mais parce que sa transformation gênait. Ils la poussaient vers la sortie. Nous avons donc agi afin qu'elle conserve son poste." Avec succès. 
(L’Express-  Angelina Guiboud, publié le 25/06/2011)


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