jeudi 8 septembre 2011

Le cinéma français est l’un des plus divers au monde



Actuel président d’Unifrance, ancien président de la Société française de production, producteur, Antoine de Clermont-Tonnerre multiplie les engagements pour soutenir et défendre le cinéma français. À travers les actions d’Unifrance, il dresse un portrait de la situation du cinéma français dans le monde. 

Comment se porte le cinéma français au niveau international ?
En terme de chiffres, le cinéma français se porte bien. En 2008, 402 films ont ainsi été distribués en salle, c’est un record ! Et le nombre d’entrées est également très bon. Un certain nombre de films français « gros porteurs », comme nous les appelons, ont attiré les spectateurs dans les salles. Certains ont été tournés en langue anglaise comme Taken, qui a très bien marché aux États-Unis, ou Babylon A. D., d’autres sont des comédies en français comme Astérix aux jeux olympiques ou Bienvenue chez les Ch’tis. Des films d’auteur se sont également très bien exportés comme Entre les murs ou Persépolis. 2008 a été une année record à plusieurs niveaux, mais ce résultat est fragile. Il n’est pas certain qu’il y ait autant de films porteurs cette année. Et la période de crise a fragilisé les acheteurs hors de France : ils sont preneurs de moins de films, et surtout les prix d’achat ont chuté de 30 à 50 %...

Quels sont les pays qui réservent le meilleur accueil au cinéma français ?
Les États-Unis demeurent le premier marché, même si, comparé aux productions nationales, la pénétration du cinéma français y est relativement faible. La Russie vient en deuxième. Les films américains ont été interdits pendant toute la période du communisme et le cinéma français s’est taillé la part du lion à cette époque. Aujourd’hui, les spectateurs russes continuent d’apprécier les productions françaises, et ce indépendamment de la crise qui frappe très durement le pays. Viennent ensuite les pays d’Europe occidentale, avec l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne.

Les résultats chiffrés ne sont pas les seuls critères d’évaluation pour Unifrance…
Nous avons en effet une double mission : commerciale et culturelle. Nous organisons par exemple de nombreux festivals à travers le monde. Dans certains pays comme l’Inde ou la Chine, les écrans sont occupés, dans leur très grande majorité, par des productions nationales. Mais nous nous positionnons peu à peu. En Chine, le cinéma européen se résume au cinéma français. C’est un marché qui progresse très vite, nous y sommes très attentifs et nous y organisons des actions spécifiques comme la sixième édition du Panorama du cinéma français, en avril dernier, avec le soutien de l’ambassade de France en Chine. Plus d’une vingtaine de longs et de courts-métrages ont été présentés dans ce festival Unifrance, dans les villes de Pékin, Shanghai, Canton et Chengdu.

Les films les plus vus à l’étranger ne sont pas obligatoirement les mêmes que les plus gros succès en France. Comment expliquer ces différences ?
Aux États-Unis, Taken n’est pas identifié comme un film français : les acteurs sont américains, le film est tourné en langue anglaise… En revanche, la production, le scénariste, le réalisateur, les équipes de tournage autour des acteurs, tout est français ! C’est un vrai signe du dynamisme de l’industrie cinématographique française. Dans un même temps, Bienvenue chez les Ch’tis a fait deux millions d’entrées en Allemagne, c’est énorme ! Le travail d’adaptation a été tout particulièrement soigné pour que les situations fassent écho aux réalités allemandes. Et ce film raconte la difficulté, pour quelqu’un du sud, de venir s’installer dans le nord : certes, nous sommes en France, mais on peut transposer ce décalage culturel à tous les pays du monde. 

La France devrait adopter une loi pour sanctionner le téléchargement illégal de contenus culturels sur internet. Les enjeux sont importants pour l’industrie cinématographique…
Si la situation à ce niveau-là n’évolue pas, l’industrie du cinéma sera dans cinq ans au même niveau que l’industrie de la musique à l’heure actuelle : sinistrée. Dans de nombreux pays, aux États-Unis ou dans les pays du nord de l’Europe par exemple, on regarde avec beaucoup d’attention ce qui doit se passer avec le vote de cette loi en France. Nous nous devons de protéger le cinéma français ! C’est l’un des principaux porteurs de la culture française dans le monde ! En particulier, il permet de vaincre certaines idées reçues, comme l’a fait, en de nombreux endroits, le film Entre les murs.

Le numérique comporte des dangers mais il peut également être un atout pour le cinéma français dans le monde ?
Avec le numérique, nous allons avoir l’opportunité de toucher n’importe qui dans le monde, avec le système de la vidéo à la demande qui réduit les coûts en diminuant le nombre d’intermédiaire entre un film et les personnes qui souhaitent le voir. Mais pour l’instant, les freins sont importants. Il y a tout d’abord le problème des droits : à qui revient l’argent de cette vente en ligne ? Ensuite, il faudra développer un marketing spécifique pour que les films connaissent un réel succès. Pour l’instant, la projection en salle offre de très loin la meilleure visibilité.

Quels sont les projets les plus avancés en matière de diffusion numérique du cinéma français ?
Unifrance s’attache à réaliser la cinémathèque de courts-métrages qui soit la plus exhaustive possible à destination des professionnels. On compte énormément de festivals de courts-métrages dans le monde : les organisateurs auront la possibilité de télécharger les films pour pouvoir les sélectionner, sans avoir à faire de longs et coûteux déplacements parfois. Pour le grand public, Universciné, en utilisant la plate-forme de TV5, va commencer cet automne à mettre en ligne des films français pour l’international. TVFI et Dailymotion souhaitent également installer un système de vidéo à la demande de fictions.

Quels sont les atouts du cinéma français dans le grand brassage culturel de la mondialisation à venir ?
Le cinéma a de grands ambassadeurs en la personne d’actrices et d’acteurs reconnus internationalement comme Juliette Binoche, Sophie Marceau, Vincent Cassel ou Jean Reno. Ces grandes vedettes sont déjà bien connues d’un large public, mais nous avons encore du travail : on me parle encore de la Nouvelle Vague, de Jean-Paul Belmondo, d’Alain Delon ou de Louis de Funès… Mais je pense sincèrement que nous pouvons être fiers du cinéma français actuel. C’est l’un des seuls, avec le cinéma américain, à offrir au niveau international une offre composite et régulière de qualité. Les résultats des entrées le prouvent : les chiffres sont obtenus par un grand nombre de films, très différents les uns des autres. Le cinéma français n’est pas meilleur que les autres, mais il est certainement plus divers. 

(Propos recueillis par Sébastien Langevin- Le Français dans le monde - N°365 )
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