mercredi 24 août 2011

L'esclavage



Des origines de l'esclavage à son abolition


1- De l'antiquité au Moyen-âge

L'esclavage est une pratique observée depuis les civilisations antiques. Celles de Mésopotamie, d'Inde et de Chine employaient des esclaves soit à des tâches domestiques, soit à de grands travaux de construction ou d'agriculture. Les Égyptiens utilisaient des foules d'esclaves pour construire leurs palais et monuments royaux.
Dans la Grèce antique, les esclaves étaient traités humainement, à quelques exceptions près. Lorsqu'ils étaient au service d'un particulier, il se développait souvent des rapports humains entre maîtres et esclaves.
L'esclavage romain, quant à lui, différait sous plusieurs aspects de celui de l'Antiquité grecque. Les maîtres romains avaient plus de droits sur leurs esclaves, notamment le droit légal de vie et de mort.
Au Moyen-âge, l'esclavage diminue sous la pression de l'Eglise. Après la chute de Rome, durant les invasions barbares répétées entre les Ve et Xe siècles, l'esclavage fut remplacé par le servage. Le sort des serfs était meilleur que celui des esclaves.
Mais c'est avec les besoins de main-d'oeuvre pour les colonies que les grandes puissances européennes vont bientôt instaurer un système effrayant : la traite des Noirs.

2- La période coloniale

Les navires négriers partaient de quatre ports français : Le Havre, La Rochelle, Bordeaux et Nantes. De 1715 à 1789, il y eut 1 427 expéditions négrières à partir de Nantes qui devint le premier port négrier.
Les esclaves étaient réunis dans des lieux servant d'entrepôts, tels que l'île de Gorée au Sénégal. Durant 4 siècles, les bateaux négriers venant d'Espagne, du Portugal, de France, du Danemark et de l'Angleterre s'y sont approvisionnés et ont vendu les esclaves survivants sur les côtes américaines. Le trajet durait de 3 à 6 semaines, au cours desquelles de nombreuses personnes succombaient à la maladie. Après 1807, le commerce des esclaves est devenu illégal et les conditions de voyage se sont encore détériorées, augmentant considérablement le taux de mortalité.
La vie des esclaves noirs dans les colonies françaises était réglée par le Code noir, rédigé au temps de Colbert en 1685 où les esclaves sont définis comme des " meubles " transmissibles et négociables.
Puis, sous la Révolution française, pour calmer la révolte des esclaves dans les colonies des Antilles et empêcher l'Angleterre de s'emparer de ces terres, les députés de la Convention abolissent une première fois l'esclavage.


3- L'abolition et sa mise en œuvre

Le Danemark fut le premier pays européen à abolir la traite des Noirs en 1792, suivi de près par l'Angleterre (1807) et les Etats-Unis (1808). Au congrès de Vienne en 1814, la Grande-Bretagne usa de son influence pour inciter d'autres puissances étrangères à imiter cette politique
En France, un premier décret abolit la traite des noirs et l'esclavage en 1794, mais huit ans plus tard en 1802, Napoléon Bonaparte abrogea cette mesure sitôt acquise la paix avec l'Angleterre. Les esclaves français se virent enfin octroyer la liberté, grâce à Victor Schoelcher, le 27 avril 1848.
L'abolition de l'esclavage fut une longue lutte qui se termina théoriquement en 1980, quand le dernier pays esclavagiste (la Mauritanie) mit officiellement fin à ce fléau. Mais d'autres formes d'esclavage apparaissent aujourd'hui…


De l'abolition à l'esclavage contemporain

1- De l'abolition à la départementalisation…

Après l'abolition de l'esclavage, les esclaves libérés ont continué à travailler dans les plantations de leurs anciens maîtres mais cette fois-ci avec le statut de salariés.
Alors qu'on lui demandait l'égalité des droits pour tous les citoyens français de métropole comme ceux d'outre-mer, la République s'en est principalement tenue à la gestion de ses intérêts économiques dans ses anciennes colonies. C'est au nom de cette logique que les premières générations d'hommes politiques des territoires d'outre-mer ont réclamé la départementalisation de leur pays, qui se traduisit par la loi de départementalisation de 1946.

2- Les conséquences sur les sociétés contemporaines

Un métissage
Dans les colonies françaises, il était " bien vu " pour un colon d'avoir une maîtresse de couleur. Cependant, il n'était pas question de l'épouser, c'était socialement impensable sans compter qu'ils avaient la plupart du temps déjà une femme résidant en Europe. Le métissage est donc la conséquence d'une population africaine qui s'est trouvée en contact avec une population européenne, une population dominée avec une population dominante.
Une répartition inégale de la propriété dans les sociétés coloniales elles-mêmes
Certains territoires anciennement colonisés n'ont jamais connu de peuplement permanent, ainsi les habitants actuels sont des descendants des sociétés esclavagistes. Et plus d'un siècle et demi après l'abolition de l'esclavage, on retrouve encore des traces importantes de ces structures de l'époque coloniale, se traduisant par une répartition inégalitaire de la propriété.
Une population émigrée
Pour les sociétés européennes, la conséquence lointaine d'avoir déporté des êtres humains est aujourd'hui une présence physique d'une population émigrée composée des ressortissants des "vieilles colonies".
Des préjugés raciaux
L'esclavage a créé ce qu'on appelait aux 18e et 19e siècles le préjugé de couleur : une hiérarchie des couleurs avec à son sommet la couleur blanche. L'esclavage n'est cependant pas la seule cause du racisme.

3- L'esclavage moderne

Aujourd'hui l'esclavage persiste sous de nouvelles formes violant la Déclaration des Droits de l'Homme de 1948.
Le travail forcé :
D'après les estimations du CPME (Comité Pour la Mémoire de l'Esclavage), quelques milliers de jeunes domestiques seraient "employés" illégalement en France (confiscation des papiers d'identité, absence de rémunération, violences physiques…)
Le commerce d'êtres humains :
Il sert principalement à alimenter des filières de prostitution dans le monde entier. On estime par exemple à 2 millions le nombre de femmes prostituées en Thaïlande.
Le travail des enfants :
Il est considéré comme de l'esclavage lorsqu'il se fait dans des conditions dangereuses. En Inde, par exemple, des enfants travaillent dans des fabriques de verre à côté des fours où la température peut atteindre 1600°C. Au Pakistan, les journées de travail peuvent atteindre 20h, 7j/7…

Sur le chemin de la reconnaissance…

1- Vers la reconnaissance de l'histoire de l'esclavage en France

L'origine de la loi Taubira est une ancienne revendication identitaire des populations issues de l'esclavage, exigeant que la France intègre cette histoire dans sa mémoire et dans son enseignement. Cette revendication, relativement isolée au départ, a pris une forme d'urgence avec l'anniversaire des 150 ans de l'abolition de l'esclavage en 1998, année où les manifestations et les commémorations ont été extrêmement nombreuses. Quelques années plus tard, la conférence de l'ONU sur les droits de l'Homme à Durban a officiellement qualifié l'esclavage de crime contre l'humanité. En parallèle, l'idée a progressé en France pour, à terme, donner lieu à la loi Taubira votée unanimement le 10 mai 2001.

2- Et pour les autres pays anciennement esclavagistes ?

Aux Etats-Unis, il existe une journée de commémoration pour les Noirs, mais le pas de la qualification juridique de crime contre l'humanité n'a pas été franchi.
En Angleterre, qui accueille beaucoup de ressortissants de ses anciens territoires, ce n'est pas un débat national. Ce pays n'a pas adopté le modèle typiquement français de l'intégration républicaine par un principe de départementalisation.
Dans les autres pays européens, le cas le plus étonnant est celui de la Hollande où il n'y a eu aucun débat à ce sujet, alors qu'elle a été un pays esclavagiste. Il en est de même au Portugal, ce qui est sans doute dû à la plus faible présence des ressortissants des anciennes colonies dans le pays. Finalement, la France fait un peu figure d'exception…


3- Le CPME, Comité Pour la Mémoire de l'Esclavage

Le CPME a été créé en application de la loi Taubira. Il n'est pas, comme on a tendance à le dire en raccourci, " un comité de la date ", créé uniquement pour choisir une date de commémoration. Son rôle dépasse largement cet aspect : il a pour objectifs de proposer des évolutions des manuels et programmes scolaires, des lieux de mémoire, un inventaire des archives et des musées, de contribuer à mettre en place un mémorial de l'esclavage, ainsi qu'un centre de recherche et de documentation sur l'histoire de la traite négrière, de l'esclavage et de l'abolition. Ainsi le comité ne s'occupe pas simplement du passé, mais a surtout pour but d'intégrer cette histoire dans la mémoire nationale pour les générations à venir, afin que tous se souviennent de cette histoire, et pas uniquement les descendants des victimes.
4- La journée du 10 mai
Principaux événements :
l'inauguration d'une stèle à la mémoire de l'esclavage par le Président de la République
la lecture de textes envoyés par l'Education Nationale dans les écoles
des émissions TV (débats, films...)
une multitude d'actions associatives locales

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