jeudi 10 février 2011

La cicatrice des camps de la mort

Dans un village dont on ne sait pas le nom, peu après la fin de la Seconde Guerre mondiale, un étranger nommé « l'anderer » (l'autre en allemand) arrive de nulle part; on ne sait d'ailleurs pas son nom. Très vite, il fait l'objet de soupçons, de critiques sur son apparence. .I l n'a pas les mêmes manières de se comporter et de s'exprimer et les habitants du village vont se débarrasser de lui. Son meurtre a lieu dans l'auberge Schloss, un soir d'hiver. C'est dans ce cadre qu'intervient Brodeck, qui va être chargé d'écrire un rapport permettant de justifier la mort de l'anderer, et par là-même de donner une légitimité à la pulsion meurtrière des villageois. La rédaction de ce rapport va amener Brodeck, en même temps qu'il revient sur ces circonstances, à parler de lui. Ainsi commence une valse sans fin entre présent et passé, entre la vie de Brodeck et celle de l'anderer. Brodeck recule l’instant où il devra rendre son rapport et entreprend, en parallèle, de consigner ses propres impressions, pour mettre à distance les mots froids, objectifs que l’on réclame de lui. Sa machine crépite. On le soupçonne d’écrire autre chose. On l’espionne. On l’inquiète. Brodeck vit cerné par les secrets : l’assassinat de cet étranger, sa propre survie dans un camp de concentration et ce que l’on a fait, pendant sa longue absence, à sa femme qu’il a retrouvée aveugle et mère d’une petite fille.


Quelques lignes…

« Je n'étais plus un homme. J'avais vieilli de plusieurs siècles dans le camp. Nos corps s'évaporaient. Nous finissions tous par nous ressembler. Nous ne nous appartenions plus. Nous n'étions plus des hommes. Nous n'étions qu'une espèce. »

« Tu penseras à moi quand tu reviendras dans ton pays, tu penseras à l'étudiant Kelmar. Et puis tu raconteras, tu diras tout. Tu diras le wagon, tu diras aussi ce matin, Brodeck, tu le diras pour moi, tu le diras pour tous les hommes... »

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