Télétravail: la France en retard
Malgré les avantages qu’il présente, le télétravail a encore du
mal à tenter les Français, contrairement à certains voisins européens. En
attendant que le gouvernement trouve des solutions pour inverser la tendance,
des compromis existent pour vaincre les réticences.
La France à la traîne
Le constat est clair. À l’heure actuelle, le télétravail ne
concerne que 9 % des salariés français, contre 18 % des Européens et 37 % des
Scandinaves. Plus l’entreprise est petite, moins cette organisation de travail
est développée. En effet, 19% des entreprises de moins de vingt salariés et 65%
des entreprises de plus de deux cent cinquante salariés la proposent
aujourd’hui.
Des avantages non négligeables
Le télétravail présente pourtant des avantages non négligeables.
Pour les employés qui habitent loin de l’entreprise, c’est une solution pour
passer moins de temps dans les transports en commun et gagner ainsi jusqu’à trois
heures dans la journée. Le télétravail leur donne ainsi plus de flexibilité
pour moduler leurs horaires de travail, ce qui est appréciable pour les parents
avec des enfants en bas âge. C’est aussi une solution envisageable pour les
personnes handicapées qui voient dans le télétravail un moyen d’intégrer une
entreprise tout en limitant des trajets difficiles. Les dirigeants d’entreprise
ayant adopté cette organisation s’en félicitent. Moins fatigués et moins
stressés, leurs salariés sont ainsi plus efficaces. L’entreprise y gagne en
compétitivité et peut parfois faire des économies sur la location de bureaux.
Enfin, le télétravail s’avère bénéfique pour l’environnement puisque la
réduction des transports en voiture contribue à réduire les gaz à effet de serre
! Alors, malgré tous ces avantages, pourquoi autant de réticences ?
Barrières culturelles
En France, la collaboration en équipe reste encore difficile à
établir à distance. Beaucoup de salariés, même attirés par le télétravail,
craignent l’isolement en travaillant depuis leur domicile. La pause-café du
matin ou la poignée de main matinale entre collègues font partie intégrante de
la vie d’un salarié français. Nombreux continuent aussi de penser que leur
patron accorde plus d’importance à leur présence dans l’entreprise qu’aux
résultats effectifs. D’autres encore ne se sentent pas à la hauteur, car le
fait de travailler chez soi demande beaucoup d’organisation et de rigueur. Pas
question de faire la grasse matinée, de délaisser son travail pour s’occuper
des enfants ou d’avoir de longues conversations au téléphone avec des amis. Le
télétravail exige de s’imposer des horaires fixes, comme si l’on se trouvait au
bureau. À l’opposé, savoir gérer son temps est nécessaire pour ne pas se
laisser déborder et travailler jusqu’à minuit. Enfin, pour les cadres, donner
des directives sans être sur place demande souvent une formation préalable.
Un système hiérarchisé
Pour la plupart des employeurs, la barrière culturelle est aussi
difficile à franchir. Le télétravail repose sur des principes de confiance et
de flexibilité, loin d’être évidents dans un pays comme la France où
l’organisation de l’entreprise reste encore très hiérarchisée et pyramidale.
L’autorité à distance et l’impression de perdre le contrôle sur l’activité et
l’emploi du temps des salariés ne sont pas des concepts évidents pour tous.
Pourtant, dans les entreprises ayant développé le télétravail, l’expérience
s’avère très probante et l’implication des employés, toujours aussi forte. Les
seuls échecs se présentent quand le télétravail est subi ou que l’employé n’a
pas assez d’autodiscipline pour travailler seul. Barrières pratiques Les
barrières sont aussi pratiques. Le coût de l’équipement (ordinateur, ligne
téléphonique, connexion à Internet), à charge de l’employeur, peut par exemple
le faire hésiter. Il en va de même pour certains obstacles juridiques. En
effet, le télétravail, bien qu’encadré par un accord national
interprofessionnel depuis 2005, laisse encore quelques flous qui ne sont pas
pour rassurer employeurs comme employés.
De bons compromis
En attendant que le télétravail soit pleinement accepté en
France, des compromis se mettent progressivement en place. Ainsi, beaucoup de
salariés ne pratiquent le télétravail qu’un à trois jours par semaine. C’est un
excellent compromis. Cela permet au salarié de garder les bénéfices du travail
à domicile tout en restant connecté avec ses collègues le reste de la semaine,
et c’est aussi plus rassurant pour l’employeur.
Le «coworking» est une autre solution destinée essentiellement
aux télétravailleurs indépendants et non-salariés. Partager un espace de
travail une ou plusieurs fois par semaine permet d’éviter l’isolement et
d’échanger des connaissances tout en gardant son indépendance.
Des mesures gouvernementales
Le gouvernement voit dans le télétravail une solution à la crise ;
aussi a-t-il mis en place un plan d’action. Simplifier l’encadrement juridique
du télétravail, créer un site Internet sur le sujet et proposer des séances de
conseils aux PME sont parmi les mesures annoncées, mais celles-ci
suffiront-elles à faire changer les mentalités ?
Selon une récente étude, le télétravail devrait concerner 40 à 50%
des emplois en 2020. D’ici là, la formule « métro-boulot-dodo», bien connue des
Français,a encore de beaux jours devant elle.
Source: bien-dire
n°82 Mai-Juin 2012
- Quels sont certains des avantages du télétravail mentionnés dans le texte ?
- Quelles réticences semblent néanmoins subsister ?
- Quelles mesures le gouvernement envisage-t-il pour développer le télétravail ?
- Dans quels cas le télétravail se révèle-t-il être infructueux ?
- Quelles possibilités intermédiaires s'offrent à ceux qui craignent de s'engager pleinement dans le télétravail?
- Quelle est la proportion de salariés français concernés par le télétravail ?
- Dans quels pays le télétravail est-il le plus développé ?
- Existe-t-il une corrélation entre la taille des entreprises et le développement du télétravail ?
- Selon le texte, quelle est l’effet du télétravail sur l’environnement ?
- Le télétravail est-il, à l’heure actuelle, parfaitement défini par la législation française ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire