Des milliers de personnes se trémoussent en vidéo sur
cette musique électro. Un phénomène qui a explosé en à peine quelques jours.
Une sorte de carnaval planétaire, qui
rassemble des milliers de fêtards. Voilà comment on peut essayer de définir la
déferlante "Harlem Shake" qui électrise la Toile. Tout a commencé le
2 février, lorsqu'une vidéo est mise en ligne sur YouTube, la plateforme de
vidéos de Google. Un blogueur y parodie le Harlem Shake,
une danse qui se pratique d'ordinaire dans la musique hip-hop. Mais il utilise
une chanson électro de 2012, composée par le jeune DJ américain Baauer, et dont
le titre est aussi "Harlem Shake".
Dans la même journée, une
deuxième vidéo publiée cette fois
par une bande d'amis australiens reprend le concept : pendant les premières
notes, un individu masqué se "secoue" le corps, avant que tout le
monde ne participe à la fête quelques secondes plus tard, lorsque la musique
explose. Les bases sont jetées. Résultat : des millions de vues et 12 000
versions différentes mises en ligne en deux semaines, selon YouTube.
Un phénomène 100 % Web
Un véritable succès, né... de l'ennui ! "Il
pleuvait, on n'avait rien de mieux à faire. C'était juste un truc entre
potes", se souvient Matt
Stanyon, un des "Harlem Shakers", à la télévision australienne.
Beaucoup voient dans la virilité foudroyante de leur vidéo la relève du Gangnam Style, cette danse du cheval
qui commençait à tourner en rond à force de faire le tour du monde.
Mais le Harlem Shake est avant tout un
phénomène issu des entrailles d'Internet. Il n'est pas né dans la tête d'une
quelconque major de l'industrie musicale : c'est un mème. Un mème ? Le mot
désigne la réplication sur le mode génétique d'un élément culturel. Sur
Internet, il prend la forme d'un objet qui se réplique à l'infini et n'a
d'autre fin que lui-même, comme les vidéos de chats. Les raisons du succès ? Un
format court - une trentaine de secondes - qui se regarde et se partage
facilement, tout en nécessitant peu de moyens - une webcam ou un téléphone pour
filmer un plan fixe. Sans oublier bien sûr le refrain, qu'on qualifiera...
d'entêtant.
Le DJ est d'ailleurs ravi de voir son oeuvre devenir un
hit : "Le phénomène viral était totalement hors de mon contrôle. Je vois
ça de manière positive, beaucoup de nouveaux auditeurs écoutent aujourd'hui ma
musique", constate Baauer. Depuis une semaine, le Harlem Shake occupe même
la première place du classement Billboard aux États-Unis.
Rabat-joie
Sur le Net, tout le monde se trémousse. Des étudiants,
beaucoup, mais aussi des militaires, des seniors, des enfants ou même des
employés sur leur lieu de travail. Impressionnante est aussi la capacité de
plusieurs agences de communication et des grandes marques, comme Pepsi, à surfer sur le phénomène
pour faire des vagues à peu de frais. Exit l'esprit amateur, place aux
professionnels et aux réalisations calculées.
Dans un autre genre, cette danse du corps délicieusement
grotesque n'est pas sans générer des frictions. En Tunisie par exemple, des lycéens et des
étudiants se sont vu interdire l'organisation d'un tel événement par des directions d'université et des
islamistes radicaux outrés de
voir des torses, parfois dénudés, se dandiner. De quoi gâcher cette communion
festive qui dépasse les frontières et qui rappelle que la liberté passe aussi
par le droit de se trémousser, même de façon ridicule.
Le Point.fr - Publié le 27/02/2013
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