Les partisans et les détracteurs du projet de loi ont
manifesté dans les grandes villes de France après l'adoption du texte ouvrant
le mariage aux couples d'homosexuels.
Champagne et dragées contre bouches scotchées : la joie
des partisans du mariage homosexuel contrastait avec la colère des opposants
mardi soir. Mais les deux camps ont affiché la même détermination à poursuivre
leurs combats. Des milliers de personnes se sont réunies dans la soirée dans plusieurs
villes pour saluer la victoire "de l'égalité entre homos et hétéros",
ou pour manifester "leur rage" après l'adoption du texte ouvrant le
mariage et l'adoption aux couples d'homosexuels.
Les pro ont rassemblé 2
500 personnes à Paris et les anti 3 500, selon la préfecture de police. Leur
défilé s'est conclu par des affrontements de radicaux avec les forces de
l'ordre et douze opposants "identifiés comme des meneurs" ont été
interpellés, a annoncé le ministère
de l'Intérieur dans la nuit,
ainsi que 44 opposants à la loi Taubira à Lyon. Chez les partisans, l'ambiance
était beaucoup plus festive. "On est super heureux, clairement. Après,
notre combat est loin d'être terminé. Dès demain, on s'y remet", confiait
à l'AFP Cécile Hommeau, 32 ans, membre du
collectif Oui oui oui venue dès le vote près de l'Assemblée. "Le but,
c'est d'obtenir la PMA (procréation médicalement assistée)", poursuit la
trentenaire vêtue d'une robe confectionnée de tracts. Autour d'elle, des voix
plaisantent : "À nous le mariage, le veuvage et l'héritage. À nous,
l'adultère, la pension alimentaire !"
Accolades, larmes à l'oeil, l'émotion était palpable dans
tous les rassemblements des partisans de la loi, jusqu'à Crest dans la Drôme où
70 personnes se sont embrassées devant la mairie, dont l'édile Hervé Mariton s'est
illustré au Parlement contre le projet. Près de la mairie de Paris, les
personnalités politiques de gauche ont défilé au son des "merci, merci,
merci" de manifestants joyeux. "Mariez-vous ! Invitez le plus grand
nombre de personnes", leur a lancé Erwann Binet, le rapporteur PS de la
loi. À Bordeaux, Isabelle l'a pris au mot. Rose rouge à la main, elle a demandé
Catherine en mariage "comme tout le monde". Fanny a, elle, déjà
appelé la mairie de Lyon pour réserver une date de cérémonie : "C'est une
obligation pour que ma compagne puisse adopter notre petite fille", qui, à
sept semaines, fait partie des plus jeunes parmi les 400 personnes réunies dans
le centre de la ville. À Lille, où une agression a eu lieu dans un bar
homosexuel la semaine dernière, les quelque 650 manifestants étaient plus
graves. "On va peut-être pouvoir passer à autre chose et que les anti se
taisent. Qu'on arrête cette haine gratuite", espère Agathe, 32 ans.
"On
entre en résistance"
Mais dans l'autre camp, la détermination reste entière.
"Si certains pensent que c'est fini, on va leur montrer que ce n'est pas
fini", a lancé l'égérie du mouvement La Manif pour tous, Frigide Barjot à
la tête d'un cortège de plusieurs milliers de personnes qui ont scandé dans le
centre de Paris : "Taubira, ta loi pourrira" ou "Hollande,
l'ennemi de la famille". "Ce soir, nous entrons officiellement en
résistance, une résistance pacifique", renchérit une porte-parole, juchée
sur un camion de sonorisation à Toulouse où ont défilé 300 à 400 opposants au
mariage homosexuel.
Même son de cloche à Marseille où Charlotte Fabre promet
: "On est mobilisés plus que jamais. On ne lâche rien." Parmi les 250
manifestants lillois, Vincent Ackerman, 21 ans, compte sur une censure du
Conseil constitutionnel ou sur un renoncement de dernière minute de François
Hollande. "La loi a été votée, mais ça ne veut pas dire qu'elle est
entérinée. Il y a encore un combat à mener", dit-il. À Bordeaux, pour
marquer "la gravité de la situation", 500 personnes ont participé à
une marche lente, quasi funèbre, accompagnée de flambeaux. Les participants
étaient invités à ne décliner aucun slogan et à se vêtir de vêtements sombres
en signe de deuil. Un des organisateurs, Raphaël de Bourayne prenait "acte
de ce qui s'est passé aujourd'hui. Pour nous, c'est un jour sombre."
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