L'histoire du
féminisme commence lors de la période pré révolutionnaire de la fin du XVIIIème
siècle sous l'influence notamment des philosophes des Lumières.
L'affirmation des
droits naturels a suscité des revendications de femmes éclairées telles
qu'Olympe De Gouges Celle-ci proposa "la déclaration des droits de la
femme et de la citoyenne".
Durant les
évènements révolutionnaires, des femmes de toutes conditions, participent
activement aux mouvements révolutionnaires. Le tableau de Delacroix et sa
Marianne illustre la femme révolutionnaire représentation allégorique de la
nation.
Bien que profitant
de cette première expression politique féminine peu d'hommes, au final,
soutinrent les femmes dans leurs revendications. Condorcet fût une exception
remarquable. Les formes de représentations politiques de femmes
(groupements....) furent rapidement interdits. Les femmes n'eurent pas accès au
droit de vote et à l'égalité en droit, elles furent pour autant victimes, comme
n'importe quel citoyen, de la répression et de la Terreur. Ainsi, Olympe de
Gouges fut guillotinée.
C'est surtout à
partir du XIXème siècle que les femmes engagent une démarche politique avec la
volonté, notamment, d'aller vers l'égalité républicaine au travers de l'accès
aux institutions (et particulièrement au moyen de revendications en matière de
droit de vote et de suffrage réellement universel). L'accès à l'éducation et à
des conditions sociales décentes pour les femmes veuves furent leur levier
politique.
Les femmes
s'organisent sous forme de clubs, d'associations de bienfaisance...
L'Empire, la
Restauration et leur cortège de retour aux archaïsmes éteignirent les
revendications politiques féminines. Même si la figure de la femme se battant
pour la nation reste un symbole fort (les lavandières et cantinières sur les
champs de bataille napoléoniens illustrent cette conception de la femme mère de
la nation).
La Révolution de
1830 permit aux femmes de revenir à un féminisme militant. Ce sont surtout les
milieux socialistes qui permirent un retour des aspirations des femmes à plus
d'égalité. Proudhon et Saint Simon furent porteurs de ce renouveau. Les femmes
profitèrent de la levée de la censure sur la presse pour s'exprimer largement
(La femme libre, la Tribune des femmes, le conseiller des femmes...furent les
premières publications féminines).
Elles rejoignent
les aspirations socialistes de défense des travailleurs et des ouvriers et se
mobilisent pour des droits spécifiques à leur situation comme le retour à la
légalisation du divorce ou à l'indépendance juridique et financière.
Au risque de paraître "immorales" certaines
contestent ouvertement l'institution du mariage et en appellent à "l'amour
libre".
Les femmes
participeront activement aux journées révolutionnaire de 1848. Elles utilisent
la voie de la presse pour s'exprimer. Elles finissent par bénéficier de
nouveaux droits notamment dans le travail au même titre que les hommes, des
idées comme les crèches et les restaurants collectifs commencent, sous leur
impulsion, à voir le jour.
Elles continuent,
en vain à revendiquer le droit de vote.
Le club des femmes
très actif, est largement caricaturé par les puritains. Les femmes actives
politiquement sont aussi la risée des femmes conservatrices qui les accusent de
porter atteintes aux bonnes mœurs et à l'équilibre des familles. L'Église
catholique ne sera pas en reste. Le club des femmes est alors interdit.
Le second empire
permettra quelques avancées notamment en matière de droit à l'éducation des
petites filles. Cependant, la qualité de l'enseignement reste très attaché aux
valeurs dites féminines. Ce sont les congrégations et l'Eglise qui prendront en
charge cette éducation.
Ce sont encore les
saint simoniens qui soutiendront le droit à l'éducation des femmes dans les
mêmes conditions que pour les hommes. La première bachelière est diplômée à
l'âge de 37 ans après une véritable bataille aux fins de pouvoir s'inscrire à
l'épreuve.
Madeleine Bres sera
la première femme inscrite à la faculté de médecine en 1863. L'accès à
l'éducation sera un combat de tous les instants pour les féministes. Elles
pourront également accéder à l'enseignement en 1880 et embrasseront largement
les carrières d'enseignant.
La III eme
République permettra aux femmes de se structurer. Généralement issues de
milieux bourgeois, protestant et socialistes, ayant fait leurs armes dans les
milieux de la philanthropie et de l'aide sociale, les femmes se battent pour le
droit de vote avec ténacité.
En Angleterre et en
Allemagne, de la même manière les femmes s'organisent politiquement aidées par
certains hommes éclairés. Contrairement aux suffragistes anglaises plus
radicales, les françaises vont plutôt tenter de trouver des alliés dans les milieux
politiques radicaux masculins.
La première guerre
mondiale assiéra définitivement les femmes dans l'économie, ce sont elles qui
firent tourner l'économie durant la période de guerre. La fin de la première
guerre mondiale ne vit pas pour autant, en France, la reconnaissance des
efforts portés par les femmes durant la guerre. Le retour des hommes du front
les enfermèrent, au contraire, dans un féminisme maternaliste et social à défaut d'être égalitaire et socialiste. La
saignée démographique les cantonnent dans des logiques reproductives et de
" bonnes mères " pour le bien de la nation.
L'après deuxième
guerre mondiale, et le traumatisme subi par les nations européennes ramenèrent
le combat politique des femmes sur le devant de la scène. Elles obtiennent enfin
après plus de deux siècles de lutte le droit de vote. Simone de Beauvoir et son
" deuxième sexe " (1949) placent les revendications féministes sur le
devant de la scène. La femme n'est pas qu'un ventre. Elles préconisent de
renverser le système patriarcal pour en venir à un système égalitaire entre les
deux genres.
La maîtrise de leur
corps est placée au centre des préoccupations des féministes de la deuxième
vague. Longtemps sujet de division, le contrôle des naissances devient l’une de
ses revendications les plus visibles. La contraception et le droit à
l'avortement vont devenir les pierres angulaires d leurs revendications.
Les plannings
familiaux voient le jour et le viol est qualifié de crime dans le code pénal.
Aujourd'hui les femmes ont obtenu, en Europe, des droits équivalents à ceux des
hommes.
La parité et la représentativité
dans les instances décisionnelles furent les dernières grandes batailles en
droit. Restent les faits et les inégalités constantes de la condition féminine
au regard des hommes (représentation des femmes en fait inférieures à celle des
hommes, différences de salaires, conditions de travail difficiles....).
Leurs combats
restent fragiles. Les milieux religieux intégristes quelle que soit la religion
restent des ennemis de la condition féminine. Quant aux milieux économiques et
politiques, ils restent très marqués par un patriarcat latin. Le combat des
femmes pour l'égalité réelle est encore en marche.
Celles-ci composent
juste plus de 50% de l'humanité.
D’après Histoires de la Francophonie N° 13
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