Marianne Durand-Lacaze :
Qu’est-ce que le racisme ?
Lilian Thuram : Le racisme, c’est la croyance qu’il y aurait plusieurs races et cette croyance vient de cette construction intellectuelle des scientifiques du XVIIIe et XIXe siècle qui prétendaient, justement, qu’il y aurait une race blanche, qui serait la race supérieure, et avec les dégradés de couleurs, la race jaune, la rouge, et la race noire qui serait le chaînon manquant entre le singe et l’homme.
C’est cette croyance en cette notion de race qui serait liée à la couleur de peau, à des traits physiques et des traits intellectuels qui seraient héréditaires et qui ne pourraient pas changer.
Marianne Durand-Lacaze : La notion de race a-t-elle un sens ?
Lilian Thuram : Mais la notion de race n’a plus de sens, en tout cas, parce qu’après la deuxième guerre mondiale et le nazisme qui était basé sur une hiérarchie* des races qui seraient… La race aryenne devenait la race, je dirais, la plus…
Marianne Durand-Lacaze : … était considérée comme la race supérieure…
Lilian Thuram : …oui, la race supérieure. Donc, des scientifiques se sont mis au travail pour justement déconstruire cette notion de race et dire que, biologiquement, ça ne tenait pas debout.
Marianne Durand-Lacaze : Comment nous définir, alors ?
Lilian Thuram : Comment nous définir ? Comme individus. Je pense qu’on n’a pas besoin de passer par la couleur de la peau ou par le genre pour se définir. Et je crois que c’est ce qui est problématique, c’est-à-dire qu’on a toujours tendance à vouloir restreindre une personne sur un élément qui constitue son identité.
Marianne Durand-Lacaze : Braquer sur un élément ?
Lilian Thuram : Oui, souvent.
Marianne Durand-Lacaze : Et le réduire à ça ?
Lilian Thuram : Voilà, le réduire à ça. Mais, ce qui est dangereux, c’est qu’il y a même des personnes qui se braquent eux-mêmes sur une chose de leur identité en disant : je suis comme ça, je suis de cette religion, je suis de cette couleur. Moi, je pense qu’il faut montrer la complexité de l’être humain.
Marianne Durand-Lacaze : Alors, justement, c’est très complexe ces histoires de racisme. Répéter que la notion de race n’a pas de fondement biologique, ce qu’on sait, suffit-il à faire disparaître le racisme ?
Lilian Thuram : Ecoutez, bien sûr que non. Mais je pense qu’il faut commencer justement par déconstruire cette notion de race parce que, effectivement, ça paraît évident pour vous, mais il faut savoir que, par exemple, nous avons fait un sondage pour la sortie du livre « Mes étoiles noires », eh bien il y a 55% de la population française qui pensent qu’il y a plusieurs races.
Donc, je pense que c’est un bon début de déconstruire ces préjugés, comme il y a beaucoup de personnes qui pensent que les personnes de couleur noire courent plus vite.
Je crois que, il y a bien sûr beaucoup de travail à faire, parce que le racisme devient émotionnel. Quand vous l’intégrez, ça devient émotionnel, c’est-à-dire que vous avez des préjugés, des réticences* vis-à-vis d’autres personnes et vous ne le savez même pas. Et donc, apporter de la connaissance, discuter autour du racisme, ça peut faire avancer les choses.
Je pense qu’il faut une vraie éducation pour comprendre que le racisme est, avant tout, une construction intellectuelle que nous pouvons déconstruire tous ensemble.
Lilian Thuram : Le racisme, c’est la croyance qu’il y aurait plusieurs races et cette croyance vient de cette construction intellectuelle des scientifiques du XVIIIe et XIXe siècle qui prétendaient, justement, qu’il y aurait une race blanche, qui serait la race supérieure, et avec les dégradés de couleurs, la race jaune, la rouge, et la race noire qui serait le chaînon manquant entre le singe et l’homme.
C’est cette croyance en cette notion de race qui serait liée à la couleur de peau, à des traits physiques et des traits intellectuels qui seraient héréditaires et qui ne pourraient pas changer.
Marianne Durand-Lacaze : La notion de race a-t-elle un sens ?
Lilian Thuram : Mais la notion de race n’a plus de sens, en tout cas, parce qu’après la deuxième guerre mondiale et le nazisme qui était basé sur une hiérarchie* des races qui seraient… La race aryenne devenait la race, je dirais, la plus…
Marianne Durand-Lacaze : … était considérée comme la race supérieure…
Lilian Thuram : …oui, la race supérieure. Donc, des scientifiques se sont mis au travail pour justement déconstruire cette notion de race et dire que, biologiquement, ça ne tenait pas debout.
Marianne Durand-Lacaze : Comment nous définir, alors ?
Lilian Thuram : Comment nous définir ? Comme individus. Je pense qu’on n’a pas besoin de passer par la couleur de la peau ou par le genre pour se définir. Et je crois que c’est ce qui est problématique, c’est-à-dire qu’on a toujours tendance à vouloir restreindre une personne sur un élément qui constitue son identité.
Marianne Durand-Lacaze : Braquer sur un élément ?
Lilian Thuram : Oui, souvent.
Marianne Durand-Lacaze : Et le réduire à ça ?
Lilian Thuram : Voilà, le réduire à ça. Mais, ce qui est dangereux, c’est qu’il y a même des personnes qui se braquent eux-mêmes sur une chose de leur identité en disant : je suis comme ça, je suis de cette religion, je suis de cette couleur. Moi, je pense qu’il faut montrer la complexité de l’être humain.
Marianne Durand-Lacaze : Alors, justement, c’est très complexe ces histoires de racisme. Répéter que la notion de race n’a pas de fondement biologique, ce qu’on sait, suffit-il à faire disparaître le racisme ?
Lilian Thuram : Ecoutez, bien sûr que non. Mais je pense qu’il faut commencer justement par déconstruire cette notion de race parce que, effectivement, ça paraît évident pour vous, mais il faut savoir que, par exemple, nous avons fait un sondage pour la sortie du livre « Mes étoiles noires », eh bien il y a 55% de la population française qui pensent qu’il y a plusieurs races.
Donc, je pense que c’est un bon début de déconstruire ces préjugés, comme il y a beaucoup de personnes qui pensent que les personnes de couleur noire courent plus vite.
Je crois que, il y a bien sûr beaucoup de travail à faire, parce que le racisme devient émotionnel. Quand vous l’intégrez, ça devient émotionnel, c’est-à-dire que vous avez des préjugés, des réticences* vis-à-vis d’autres personnes et vous ne le savez même pas. Et donc, apporter de la connaissance, discuter autour du racisme, ça peut faire avancer les choses.
Je pense qu’il faut une vraie éducation pour comprendre que le racisme est, avant tout, une construction intellectuelle que nous pouvons déconstruire tous ensemble.
Né en Guadeloupe en
1972, Lilian Thuram a connu une carrière prestigieuse de footballeur
international : champion du monde en 1998. En 2008, il a créé la fondation
Éducation contre le racisme. « Le racisme est avant tout une construction
intellectuelle. Nous devons prendre conscience que l’Histoire nous a
conditionnés, de génération en génération, à nous voir avant tout comme des
Noirs, des Blancs, des Maghrébins, des Asiatiques... »
1- Quelle
définition Lilian Thuram donne-t-il du racisme ?
2- Est-il d’accord avec cette définition ?
Justifiez votre réponse en vous appuyant sur les propos de Lilian
Thuram.
3- Depuis quand et pourquoi cette notion
de « race » n’a-t-elle plus de sens selon lui ?
4- Quelle est la difficulté et le piège
quand on se présente, on s’identifie ?
5- Que faut-il faire pour combattre le
racisme ?
6- Que
faudrait-il faire, concrètement, pour faire reculer le racisme et au-delà la
xénophobie ?
7- Est-ce
possible de le faire disparaître totalement selon vous ? Expliquez pourquoi.
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