mercredi 19 décembre 2012

Stratégie "globale" pour le numérique à l'école

Vincent Peillon a annoncé une "stratégie globale" pour l'éducation numérique, avec le raccordement des zones rurales au très haut débit, l'équipement des établissements, la formation des profs aux usages, la production de ressources pédagogiques et des services pour élèves, parents et profs.
"La stratégie que nous présentons est une stratégie globale", a déclaré le ministre de l'Education devant des acteurs du numérique et l'éducation réunis à la Gaîté lyrique à Paris. "Elle va appréhender le numérique dans toutes ses dimensions, de l'équipement, du raccordement à la maintenance, aux contenus, à la formation des acteurs".
La France a déjà lancé une quinzaine de plans. "Le problème est que nous n'avons jamais abordé (...) la formation des enseignants aux usages du numérique", pas plus que "l'offre de contenus pédagogiques de qualité", ce qui "explique notre retard", a-t-il analysé. La France est 24e sur 27 pour l'utilisation du numérique dans l'éducation, selon l'étude Pisa de l'OCDE.
Il s'agit d'utiliser les écrans "pour progresser dans les apprentissages", avait-il souligné sur France Inter.
Le numérique "doit permettre de réduire les fractures territoriales et les fractures sociales", a-t-il indiqué.
"La plupart des métiers de demain nécessiteront des compétences numériques", a relevé Fleur Pellerin, ministre déléguée à l'Economie numérique.
Des services numériques pour élèves, parents et professeurs, seront mis en place entre 2013 et 2017: contenus pour apprendre l'anglais en primaire, sujets d'examens et corrections en ligne, démarches administratives dématérialisées, "campus numérique" et réseau social pour les enseignants, site web avec infos sur la vie scolaire dans les écoles...
"Il y a un décalage croissant entre la place du numérique dans la vie des jeunes et dans l'éducation", souligne François Bonneau, vice-président de l'Association des régions de France (ARF).
Freins
Le projet de loi sur l'école prévoit un Service public de l'enseignement numérique et de l'enseignement à distance et l'encouragement d'une "filière d'édition numérique pédagogique française".
"Une partie non négligeable du projet de loi concerne le numérique, ce n'est pas deux paragraphes", se réjouit Stéphanie de Vanssay, spécialiste des nouvelles technologies au syndicat enseignant SE-Unsa.
"Avancée énorme", le numérique n'est plus mentionné sous l'angle des risques induits. "Il y a aussi une clarification sur la maintenance du matériel", confiée aux collectivités locales.
En revanche, pas un mot sur l'interdiction en vigueur des téléphones portables dans les écoles et les collèges, ni sur les filtrages. "Qu'il y ait quelques filtres anti-pornographie, bien sûr", mais aujourd'hui les élèves n'ont pas accès à grand-chose, or "internet, par nature, échappe au contrôle. Si on veut que nos élèves soient des citoyens à même d'utiliser internet, il faut bien les y éduquer".
Principaux freins: les peurs des parents, des profs et de la hiérarchie, estime-t-elle. "Les enseignants utilisent beaucoup internet pour préparer leurs cours", mais peu en classe.
Le numérique "ouvre des champs de possibles extraordinaires", relève Eric Fourcaud, chef du projet de Ludovia, université d'été sur la e-éducation. Toutefois, "aucune étude ne montre qu'avec le numérique on obtient de meilleurs résultats".
Nul besoin d'équiper tous les élèves avec le même matériel, coûteux et vite obsolète, estime Mme de Vanssay. "Si dans une classe on pouvait avoir, un ordinateur, une tablette, un smartphone, un netbook connectés à internet, même pour 30 élèves, c'est déjà super".
Lepoint.fr du 13/12/2012


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